La justice vaudoise se penche depuis lundi matin à Renens sur l’une des affaires les plus sanglantes des dernières années. Un homme comparaît pour avoir abattu sa femme et son fils aîné, qu’il avait criblés de trente balles à Payerne le 25 avril 2018.

Interrogé par le président du tribunal, le Portugais, aujourd’hui âgé de 53 ans, n’explique pas son geste. Il reconnaît des «désaccords» avec son épouse, mais assure qu’il ne comprend pas que cela ait pu tourner en une telle «barbarie.»

Il réfute être venu ce soir-là jusqu’à l’appartement de sa femme, dont il vivait séparé, pour la tuer. Il peine toutefois à expliquer pourquoi il s’y est rendu avec un pistolet chargé et un second magasin.

Trou noir

Selon sa version, il s’est contenté de pointer son pistolet vers le plafond. Il aurait alors quitté l’appartement, et c’est à ce moment que son fils aîné se serait précipité sur lui et aurait déclenché le premier tir.

Tout cela a duré quelques secondes. Je ne m’en souviens pas et je fais en sorte de ne pas m’en souvenir

Prévenu

La suite, le prévenu déclare ne pas s’en souvenir. Il ne se rappelle pas avoir vidé un premier magasin sur sa femme, rechargé et tiré de nouvelles balles dans sa tête. De même, il dit ne pas se rappeler avoir ensuite rattrapé son fils pour l’achever dans la cage d’escalier, où il tentait de s’enfuir après avoir reçu la première balle.

«Tout cela a duré quelques secondes. Je ne m’en souviens pas et je fais en sorte de ne pas m’en souvenir», a-t-il indiqué.

Contredit par son fils cadet

S’exprimant d’une voix à peine audible en portugais – ses propos sont traduits par une interprète -, l’accusé semble souvent dans le vague. «Arrêtez de marmonner! Si vous avez des choses à dire, c’est le moment ou jamais», l’a interpellé le président de la Cour.

Le magistrat a aussi montré des signes d’agacement lorsque l’accusé est revenu sur les propos qu’il avait tenus durant l’enquête. Il a notamment assuré qu’il n’était pas jaloux de son épouse.

Il a également dit être «sûr à 100%» de n’avoir jamais violenté son épouse durant les années qui ont précédé le crime. Ses dires ont été contredits par son fils cadet, présent à l’audience, qui a affirmé avoir vu sa mère se faire battre fréquemment.

Absent de l’appartement le jour du crime, le cadet a aussi confirmé les menaces de mort et insultes dont a été victime sa mère à de nombreuses reprises.

Le procès se poursuit lundi après-midi et mardi à la salle cantonale d’audience de Renens, où le Tribunal criminel du Nord vaudois et de la Broye s’est délocalisé pour l’occasion.

Prévenu d’assassinat

Pour ce double homicide – le terme féminicide ne figure pas dans le code pénal -, la procureure Elodie Pasquier a retenu l’assassinat, mais aussi les lésions corporelles simples qualifiées, les menaces qualifiées et l’infraction à la loi fédérale sur les armes.

Si les juges confirment l’accusation d’assassinat, le prévenu risque la prison à vie, en tout cas 10 ans au minimum.

Un homme jugé pour un double assassinat à Payerne en 2018

Un homme de 53 ans est jugé depuis lundi matin pour avoir abattu sa femme et son fils avec une trentaine de balles en 2018 à Payerne.