La forte inflation de 3% en 2022 n’a pas fini de faire des remous chez les salariés vaudois en ce début d’année 2023. Malgré un vote au Grand Conseil à la mi-décembre, l’indexation partielle des rémunérations des secteurs publics et parapublics, située à 1,4%, ne passe toujours pas côté syndicats.

Jugeant cette revalorisation largement insuffisante, la Fédération des sociétés de fonctionnaires et du parapublic vaudois (FSF), le Syndicat des services publics (SSP), ainsi que la fédération SUD appellent à une journée de grève le 23 janvier, afin de réclamer des négociations avec le Conseil d’Etat.

Baisse des salaires réels

Le conflit dure depuis cet automne et la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) en novembre, affichant un renchérissement de 3% sur un an. Constatant la divergence entre la revendication syndicale d’une pleine indexation des salaires à ce niveau et l’indexation partielle contenue dans le projet de budget 2023 du Gouvernement vaudois, l’Organe de conciliation avait rendu la grève licite le 1er décembre.

Après deux rassemblements plus modestes, les syndicats avaient déjà réuni 1200 personnes dans les rues de Lausanne le 13 décembre dernier, afin de s’opposer à ce qui est pour eux «une baisse des salaires réels» face à l’augmentation du coût de la vie.

Décret du Conseil d’Etat

La mobilisation faisait suite à une réunion infructueuse entre les organisations du personnel et le gouvernement le 8 décembre. Selon David Gygax, secrétaire syndical au SSP, «alors que les années précédentes, nous étions consultés avant que le taux d’indexation ne soit décidé, ce jour-là nous avons été mis devant le fait accompli, le plus tard possible et sans possibilité de discussion, et informés que la revalorisation ne suivrait pas le renchérissement, à seulement 1,4%.» Après un long débat, le législatif avait suivi le Conseil d’Etat lors du débat sur le budget 2023, le lendemain de la manifestation des syndicats. Ces derniers appellent à la grève le 23 janvier.

Pour Aristides Pedraza, secrétaire fédéral au syndicat SUD, «il n’y a aucune raison pour consentir à des baisses de salaires, ceux-ci doivent, au moins, suivre l’augmentation de l’IPC de 3%». Par la voie de sa chancellerie, le gouvernement rappelle que depuis 2013, «l’indexation éventuelle des salaires ne se base plus sur l’évolution annuelle de l’IPC, mais est désormais conditionnée» par un décret du Conseil d’Etat sur la recapitalisation de la Caisse de pension de l’Etat de Vaud. Celui-ci réduit en effet la portée des revalorisations face à l’inflation telle que mesurée par l’IPC.

La mobilisation reprend ces jours.

David Gygax, secrétaire syndical au SSP

«En application de ce décret, la pleine indexation aurait été de 2,2% pour 2023», poursuit la chancellerie. Or, si cette indexation est, à 1,4%, partielle pour tous les employés du parapublic et du public, le gouvernement l’estime pleine pour les classes 1 à 10 des employés de l’Etat (CHUV compris), qui percevront une prime unique de 0,8% du salaire réalisé en 2022.

Le débat n’est pas clos

«En additionnant ces deux mesures, le renchérissement de 2,2% est ainsi intégralement compensé financièrement pour les salaires jusqu’à 116 000 francs de salaire par année (classe 10)», argue le chancelier Aurélien Buffat dans sa réponse.

Débat clos? Pas pour les syndicats. David Jeanquartier, secrétaire général de la FSF, regrette cette manière de procéder. «Le Conseil d’Etat a réussi à opposer salaires modestes et plus aisés d’une part autour d’une prime qui n’est même pas pérenne, et d’en exclure un secteur parapublic pourtant au four et au moulin depuis la pandémie!» Pour les trois faîtières syndicales, «le gouvernement se cache derrière le décret, mais il a les moyens financiers de décider politiquement une revalorisation à la hauteur de l’inflation pour tous. Pour cela, il nous faut renverser le rapport de force et obtenir des négociations», résume Aristides Pedraza.

Deux jours de grève?

«Face à un sentiment de maltraitance de la part de l’employeur et un des plus bas taux d’indexation en Romandie, la mobilisation vers la grève le 23 janvier a débuté avant les fêtes et reprend ces jours», abonde David Gygax.

D’ici là, les syndicats attendent une date de négociation de la part du Conseil d’Etat. Si celui-ci devait camper sur ses positions, une nouvelle journée de mobilisation et de débrayage est prévue le 31 janvier.

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