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Vaud: le projet d’aide à la presse prend l’eau et retourne en commission

Coup de théâtre mardi au Grand Conseil vaudois: un amendement PLR a remis en cause le programme d’aide à la presse du Conseil d’Etat. Il a demandé que les mesures de soutien ne soient réservées qu’aux entreprises ne distribuant aucun dividende. Au vu de l’enlisement des débats, le projet a été renvoyé en commission.

13 janv. 2021, 08:13
Nuria Gorrite, présidente du Conseil d'Etat, a défendu le projet face à un amendement surprise.

D’un montant de 6,3 millions de francs sur cinq ans, le programme distillé en quatre volets comprend la publication d’annonces (2,5 millions), la création d’un kiosque numérique (1,25 million) et l’éducation des jeunes aux médias (1,08 million). Il propose également un «coup de pouce» à la formation des journalistes (CFJM) ainsi qu’à l’agence de Keystone-ATS.

Au premier débat à mi-décembre, ce projet avait été largement approuvé. Le député Jérôme Christen (Les Libres) était intervenu pour demander que l’octroi d’une aide soit conditionné au respect d’une CCT, mais en vain.

Oui aux petits

Lors du second débat mardi, le PLR Alexandre Berthoud a défendu l’idée que ce soutien devait «aider la presse qui en a besoin». Selon lui, les deniers publics ne devraient pas être accordés à de grands groupes distribuant des dividendes à leurs actionnaires et n’investissant pas dans des projets et la formation.

«Aider les petits journaux oui, les grands groupes, non», a résumé son collègue de parti Pierre Volet. «Cet amendement semble couler de source, même si on l’attendait plutôt de la gauche», a observé Jérôme Christen.

Conséquences à évaluer

La gauche s’est montrée très sceptique face à cette proposition: «Il est difficile d’évaluer les conséquences d’un tel amendement», a regretté le Vert Vassilis Venizelos. Le groupe Tamedia serait exclu, d’autres titres impactés, a-t-il estimé. Le député a de plus émis des doutes sur l’applicabilité d’un tel dispositif.

Pour la socialiste Valérie Induni, deux choses sont confondues: l’aide directe (cas Covid traité dans un autre article du projet de décret) et l’aide indirecte à la presse, qui vise à soutenir la diversité des médias. Il s’agit de deux logiques totalement différentes.

En votant cet amendement, c’est l’ensemble du programme qui est condamné, a-t-elle déploré. Keystone-ATS ne pourrait par exemple pas être soutenue car l’entreprise verse des dividendes, a-t-elle pointé.

Beaucoup de journaux exclus

La présidente du gouvernement Nuria Gorrite a abondé dans ce sens. L’Etat ne pourrait pas passer de pages d’annonces dans «24 heures», «Le Matin Dimanche», ni dans le nouveau journal «Riviera Chablais». Exclus également «La Côte», qui appartient au groupe ESH Médias, ou encore «Le Journal de Cossonay», a-t-elle souligné.

L’égalité de traitement entre médias en souffrirait. Cette proposition priverait également l’Etat d’informer largement quand le besoin s’en fait sentir. «Pourquoi? A quelle fin?» a lancé Mme Gorrite. «Vous vous êtes émus de la disparition du Matin et des restructurations à Keystone-ATS. Il y aurait une absurdité de fond à soutenir cet amendement», a-t-elle relevé.

Cerner les conséquences

Devant des fronts politiques très figés et un climat confus, impropre à trouver un accord, proposition a été faite de renvoyer le projet en commission, afin de mieux en cerner les conséquences. Malgré les réticences, la motion d’ordre a été acceptée à une faible majorité et le débat renvoyé.

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