Attendu de longue date, ce paquet de mesures propose plusieurs soutiens ciblés et, pour l’heure, limités dans le temps. Un bilan sera tiré après cinq ans. L’ensemble sera soumis prochainement au Grand Conseil. Une décision est espérée durant l’été.
Le Conseil d’État est préoccupé par la crise que traversent les médias et qui a conduit à la disparition de titres comme «L’Hebdo» ou «Le Matin» version papier. Dans ce contexte, il estime «fondé» le principe d’une aide publique aux médias vaudois. Tout en garantissant la liberté de la presse. «On ne va pas tenir la plume des journalistes», a assuré Nuria Gorrite, la présidente du Conseil d’Etat vaudois.
Un plan novateur
Le maintien de la diversité des médias est un «enjeu crucial». «Une information plurielle est nécessaire au débat public», observe la conseillère d’Etat. Le plan vaudois est qualifié de «novateur», mais il ne s’agit pas d’une «opération de sauvetage de la presse papier». Et pas question que ces mesures faussent la concurrence, poursuit le gouvernement dans son projet de décret.
L’aide publique à la presse fait débat depuis quelques années. Dans la foulée de la Confédération, plusieurs cantons, comme Berne, Genève, Saint-Gall ou encore Lucerne y réfléchissent. Vaud est le premier canton à présenter un catalogue de mesures chiffrées et détaillées. «En tout cas de manière aussi exhaustive et en ayant fait des choix», a relevé Nuria Gorrite. Vaud a décidé d’aller de l’avant. Mais il reste ouvert à des collaborations intercantonales, en particulier avec Genève.
Plusieurs champs d’action
Le plan vaudois comporte plusieurs champs d’action. «Nous avons voulu intervenir de manière différenciée», précise la conseillère d’Etat. Certaines mesures peuvent se décliner immédiatement, d’autres prendront un peu plus de temps.
Le périmètre des médias concernés reste à préciser, et il pourra varier selon le type de mesures: sont inclus les quatorze médias locaux regroupés sous l’étiquette Vaud Presse («La Côte», «Journal de Morges», «La Région» et «Le Régional» entre autres). Mais aussi «24 heures», «La Liberté», qui publie une page vaudoise, et «Le Temps», par exemple.
Le premier champ d’action, pour un montant de 2,5 millions de francs, vise à soutenir la presse locale et régionale en augmentant la publication d’annonces. Il est prévu de diffuser par ce biais des informations sur les votations ainsi que sur divers sujets de prévention, par exemple.
Kiosque virtuel
Deuxième grand chapitre: l’aide à l’innovation (1,43 million). Il inclut plusieurs études sur les médias mais aussi la création d’une plateforme d’abonnement pour la presse vaudoise: ce kiosque virtuel agrégera les offres payantes existantes des différents médias couvrant l’actualité vaudoise. Ce qui renforcera la lisibilité de cette offre et facilitera voire encouragera les actes d’achats. Le canton a présenté jeudi le dispositif aux éditeurs. Les premiers retours sont positifs, selon Mme Gorrite.
Pour les jeunes
Chaque année, les 8000 à 9000 jeunes du canton âgés de 18 ans pourraient accéder à ce kiosque pendant un an à un tarif préférentiel, qui n’est pas encore arrêté. On entre alors dans la troisième catégorie d’aides retenues par le canton: l’éducation aux médias des jeunes (1,08 million), qui vise à renforcer leur esprit critique face aux informations diffusées sur Internet.
Une expérience pilote sera menée au sein d’une vingtaine d’écoles et de gymnases. Des «packs médias» comprenant plusieurs abonnements seront mis à disposition des classes qui le souhaitent pour des enseignements ponctuels. Un bilan sera tiré régulièrement pour orienter le dispositif vers sa forme la plus pertinente.
Agences de presse et formation
Enfin, le canton imagine un soutien à la création de contenus (750 000 francs). Il propose de financer, durant cinq ans, un ETP (Equivalent temps plein) au bureau vaudois de l’agence de presse Keystone-ATS. Cet investissement devra «profiter en priorité aux médias locaux et régionaux vaudois intéressés» qui devront bénéficier de «tarifs abordables». «Il faudrait qu’un abonnement à l’agence soit aussi accessible aux petits titres et radios locales», précise Nuria Gorrite.
Un montant servira à financer une étude sur la viabilité et la pertinence de créer une agence de presse régionale. Enfin, le canton veut aussi prendre en charge les frais d’écolage des journalistes stagiaires au Centre de formation au journalisme et médias (CFJM). Une manière de soulager financièrement les médias locaux et régionaux désirer de former des journalistes.