«Mais qui est cette personne qui a eu la drôle d’idée de se balader près de la voie ferrée en cette heure de pointe?» Chaque voyageur des CFF à Nyon a dû se poser la question en voyant la ligne d'information inscrite sur le panneau lumineux annonçant l’arrivée des trains. Même message étrange «d’individus sur les voies» dans les haut-parleurs crachant les dernières infos sur les quais de la gare. Cette fin de journée est donc bien peu ordinaire quand on pense au ballet quotidien millimétré des rames locales, régionales et nationales de l’ex-régie fédérale passant par le tuyau nyonnais. Alors pourquoi cette fin d’après-midi de début de semaine est-elle anormalement agitée? Sans doute parce que le bipède pendulaire se retrouve vite paniqué dans le pire des cas ou au mieux embarrassé par n’importe quel contre-temps. S’agit-il de jeunes indisciplinés qui cherchent à défier le danger à l’heure de la sortie des cours ou de riverains glandois excédés par les travaux continus justement près des voies? On ne sait pas.
Repartir en sens inverse
Rien de tout ça, la police vaudoise a reçu un appel d’un témoin d’une scène délicate à Nyon. Une personne postée sur le pont de la Redoute a décidé de commettre un acte désespéré. La police est alors intervenue très vite en envoyant une patrouille et en prévenant les pompiers de venir équipés d’un matelas pour éventuellement réceptionner la personne. Il était alors 17H30. Pendant ce temps, les CFF ont décidé de bloquer le trafic entre Gland et Nyon. On a vu alors les quais 1 et 2 de la gare nyonnaise se remplir petit à petit. Les trains qui partaient en direction de Genève ou de Lausanne se sont immobilisés dans les deux gares puis sont repartis petit à petit en sens inverse. «Dans une telle situation, on cherche à isoler cette perturbation. Les trains voyageant en direction de Genève et immobilisés à Gland rebroussent chemin, tout simplement. Ainsi, ils essayent de respecter l’horaire prévu à l’origine» explique l’un des porte-paroles des CFF Frédéric Revaz.
C’est l’absence d’une réponse claire sur la fin de la perturbation qui semble agacer les pendulaires pressés de rentrer chez eux. Des dizaines de personnes cherchent une solution pour regagner leurs pénates ou éventuellement un lieu où poursuivre leur journée de travail. Le tableau d’affichage sous-voie récemment changé souligne toujours que l’interruption est d’une durée inconnue. Ainsi des voyageurs en panne de train, en costume ou tailleur, tentent de héler les quelques rares taxis qui circulent encore aux abords de la gare, sans succès. D’autres professionnels, eux aussi à la recherche d’une solution immédiate de substitution, s’agglutinent près du petit parc de voitures de la société de "car-sharing" Mobility. Espoir visiblement déçu là aussi. Les véhicules rouges restant désespérément fermés car probablement déjà réservés.
Rupture de stock
Alors que faire quand on a du temps à perdre en attendant que les trains repartent? Casser la croûte pardi! La boulangerie «Pouly» installée sur le quai numéro 1 de la gare, en direction de Genève, a vu un nombre exceptionnel de clients débarquer. «Le stock de sandwichs est parti en quelques dizaines de minutes. Vers 20 heures 30, juste avant la fermeture, il ne restait quasiment plus rien à vendre. J’ai dû conseiller à mes clients d’aller se ravitailler à la Coop Pronto» raconte la vendeuse très étonnée de ce raz-de-marée et heureuse du chiffre d’affaires de ce lundi. La bière a visiblement été un bon camarade d’infortune à en croire les poubelles débordant de cadavres de bouteilles en verre. La situation est revenue à la normale vers 19 heures et la gare de Nyon a pu se transformer en ce couloir souvent calme qu’elle est chaque début de soirée. Jusqu’aux prochaines perturbations dues à la météo ou à la présence d’individus sur la voie.