Le ministre de la Justice de Bavière, Winfried Bausback, a lancé samedi l'idée d'exposer une partie des oeuvres du "trésor nazi" récemment découvert à Munich. Il comprend des chefs-d'oeuvre de Chagall, Munch, Dix ou Matisse, dont certains proviendraient de la spoliation de juifs sous le Troisième Reich.
Le politicien a estimé dans le journal "Die Welt am Sonntag" qu'un "accord à l'amiable" pourrait être trouvé avec Cornelius Gurlitt, chez qui plus de 1400 oeuvres d'art ont été découvertes.
"On pourrait par exemple réfléchir à quelque chose comme une fondation,qui permettrait que les oeuvres qui sont manifestement d'un très grand intérêt historico-artistique puissent être rendues accessibles au public", a-t-il expliqué dans le journal à paraître dimanche et dont des extraits ont été diffusés samedi.
Responsabilité allemande
L'Allemagne a publié jeudi sur Internet des photos de nouvelles oeuvres faisant partie du "trésor nazi", des gravures et des dessins signés Munch, Liebermann et Toulouse-Lautrec. Le but est de retrouver d'éventuels ayants droit.
Le président du Congrès juif mondial Ronald Lauder a insisté sur la responsabilité morale de l'Allemagne pour que les particuliers ou les musées victimes des pillages nazis récupèrent leur bien.
Cornelius Gurlitt, octogénaire fils d'un collectionneur d'art, s'est quant à lui dit décidé à se battre pour garder "ses" toiles. "Volontairement, je ne rendrai rien, non, non", a-t-il déclaré cette semaine au magazine "Der Spiegel". Il fait l'objet d'une enquête judiciaire pour fraude fiscale et recel.
Art "dégénéré"
Sur un total de 1406 oeuvres retrouvées (peintures, esquisses, dessins, etc.) dans son appartement, 970 doivent être examinées par des experts et 380 sont considérées comme appartenant à "l'art dégénéré", concept désignant dans le jargon nazi tout ce qui ne rentrait pas dans la définition restrictive de l'art du Troisième Reich.
De juin à novembre 1937, les nazis avaient organisé à Munich une unique grande exposition de ces oeuvres, qu'ils avaient présenté comme étant produit par les bolcheviks et les juifs. Presque tous les grands artistes modernes allemands (tels que Nolde) et étrangers (tels que Picasso et Chagall) y figuraient. Les visiteurs étaient invités à confronter les productions de malades mentaux et celles des peintres. Une confrontation destinée à mettre en évidence la parenté entre les deux styles et stigmatiser la perversité des artistes.
En 1937, les nazis avaient organisé à Munich une grande exposition d'art dit "dégénéré":