Un petit pont en vieilles pierres couvertes de végétation surplombe la rivière Al-Kabir. Ce pourrait être un décor de paix. Mais la voiture de la Croix-Rouge ralentit pour longer un poste-frontière estampillé du cèdre du Liban. Maysa Ibrahim, secouriste, désigne le checkpoint sur la rive nord, où flotte le drapeau rouge, blanc et noir: «En face, c’est la Syrie».
En face, c’est la guerre. Ses atrocités et son long cortège de réfugiés. Leur flux fait déborder le conflit sur le Liban voisin. De fait, quelques centaines de mètres plus loin, la route bifurque sur le camp numéro 3. Pas un brin de verdure sur la terre rouge. Le printemps n’a pas fleuri pour ses occupants. Assise devant sa tente, son enfant dans les bras, Basma ne l’attend plus vraiment. Le jasmin de la révolution brûle encore sur l’autre rive. La jeune femme a dû fuir dès le début de la...