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Chine: des milliers de jeunes Birmanes y sont mariées de force

Attirées par le marché du travail, les jeunes Birmanes sont victimes de mariage forcés. La Birmanie a ainsi été placée par Washington dans sa liste noire de trafic d'êtres humains.

01 juil. 2016, 12:45
Des milliers de Birmanes sont mariées de force en Chine (illustration).

Attirées par la promesse d'un travail en Chine, des milliers de jeunes Birmanes pauvres sont victimes de trafiquants et mariées de force. Washington a ainsi placé la Birmanie sur sa liste noire du trafic d'êtres humains, ce que "regrette" Naypyidaw.

Un matin d'avril, Kyi Pyar Soe, 22 ans, a disparu "sans rien dire", raconte à l'AFP Mya Soe, son père. "Elle est partie après une dispute avec sa soeur cadette. Sa mère l'a réprimandée et elle a tout quitté", ajoute-t-il. La famille vit dans un petit village de tentes et de maisons en bambou à une heure de Rangoun, la capitale économique birmane.

De la promesse au cauchemar

Mya Soe ne savait pas à ce moment-là que sa fille était en route pour la Chine après avoir reçu une promesse d'emploi de domestique payé 190 euros par mois (205 francs suisses). Soit beaucoup plus que ce qu'elle peut espérer en Birmanie.

Kyi Pyar Soe et l'amie qui l'accompagnait ont rejoint la ville frontalière de Muse, en Etat Shan, avant de passer en Chine, tous frais de transports payés par les trafiquants.

Mais une fois dans la province chinoise du Yunnan, cela a tourné au cauchemar. "Elles ont été conduites dans la maison d'une femme qui a fait venir plusieurs hommes chinois pour qu'ils puissent voir les jeunes filles", a expliqué un officier de police birman, sous le couvert de l'anonymat, ayant travaillé sur l'affaire. "Elle leur a dit qu'elles devaient épouser un homme chinois", a-t-il ajouté.

Sauvée du pire

Kyi Pyar Soe a évité le pire. Elle a réussi grâce à une Birmane vivant en Chine à échapper au mariage forcé et à fuir pour retourner près des siens.

Elle a trouvé refuge dans un foyer pour femmes géré par le gouvernement à Rangoun. Elle va y suivre une formation professionnelle avec l'espoir de trouver un travail et de ne plus être obligée de risquer sa vie.

"Pays source" contre déséquilibre

En Chine, la politique de l'enfant unique appliquée pendant plus de trois décennies a créé un déséquilibre dévastateur entre les sexes. En 2014, il est né 116 garçons pour 100 filles. Beaucoup de Chinois se tournent vers l'étranger et notamment la Birmanie pour trouver une femme, parfois via un mariage arrangé.

 

De son côté, la Birmanie, une démocratie naissante louée par la communauté internationale, a été placée jeudi par les Etats-Unis sur leur liste noire. Il s'agit en effet d'"un pays source pour des hommes, des femmes et des enfants soumis au travail forcé et des femmes et des enfants soumis à la traite sexuelle, en Birmanie et hors de Birmanie", note le rapport du Département d'Etat.

Une décision qualifiée par la diplomatie birmane de "regrettable (...) au moment même où le nouveau gouvernement civil renforce ses efforts pour protéger ses travailleurs immigrés et les victimes du trafic d'êtres humains et du travail forcé", selon un communiqué publié vendredi dans le journal officiel Global New Light of Myanmar.

Plus de 3000 victimes

Plus de 3000 personnes auraient été victimes de trafic vers la Chine depuis 2006, d'après des chiffres officiels.

"Deux mille sont des femmes et 4% sont des enfants de moins de 18 ans", estime Ye Win Aung, policier birman chargé de la prévention de la traite d'êtres humains. Mais pour les associations, ils seraient bien plus nombreux.

D'après la Kachin Women's Association Thailand (Kwat), une ONG basée en Thaïlande et portant secours aux Birmanes vendues comme épouses en Chine, un quart des victimes ont moins de 18 ans.

Et la "situation s'aggrave en raison des combats dans certaines régions et de l'accaparement des terres", qui prive les paysans de leur moyen de subsistance, explique Moon Nay Li, secrétaire de la Kwat

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