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Darfour: enquête interrompue contre le président soudanais

Omar Hassan el-Béchir, président soudanais, a crié victoire face à la Cour pénale internationale (CPI). Elle a interrompu son enquête sur les crimes de guerre au Darfour, en raison du manque de soutien du Conseil de sécurité de l'ONU.

13 déc. 2014, 17:55
Le président soudanais Omar Hassan el-Béchir était inculpé notamment de crimes contre l'humanité et de génocide.

"Ils voulaient que l'on s'agenouille devant la Cour pénale internationale, mais la CPI a reconnu son échec", a lancé le chef de l'Etat soudanais dans un discours. "Les Soudanais ont fait échec à la CPI et refusé de livrer quelque Soudanais que ce soit à la justice colonialiste".

La juridiction internationale avait inculpé en 2009 M. Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Elle avait également engagé des poursuites contre le ministre soudanais de la Défense Abdel Raheem Muhammad Hussein, l'ex-ministre de l'Intérieur Ahmed Haroun et le chef de la milice janjawid, Ali Kushayb.

Béchir voyage sans souci

Mais sa procureure a annoncé vendredi la suspension des enquêtes. "Je n'ai pas d'autre choix que de geler les investigations au Darfour", a déclaré Fatou Bensouda devant le Conseil de sécurité. Elle a précisé qu'elle assignait "les ressources à d'autres dossiers urgents, en particulier ceux pour lesquels un procès est proche".

La magistrate gambienne a reproché au Conseil de sécurité de n'avoir pas suffisamment insisté pour obtenir l'arrestation d'Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 25 ans.

La CPI avait déjà informé en 2010 le Conseil de sécurité de l'absence de coopération du Soudan. La juridiction faisait remarquer que le Kenya, Djibouti, la République démocratique du Congo mais également le Tchad n'avaient pas procédé à l'arrestation de Bachir lorsqu'il s'était rendu en visite dans ces pays.

Vendredi, Mme Bensouda a prévenu qu'en l'absence d'une action du Conseil, les charges contre M. Béchir et de ses co-accusés resteraient lettre morte. "Ce qu'il faut, c'est un changement radical dans l'approche du Conseil pour arrêter les suspects", faute de quoi il y aura "peu ou rien à vous rapporter dans le futur proche", a-t-elle dit en présentant son 20e rapport sur le Darfour.

Accusations de viols collectifs

Les violences au Darfour ont fait plus de 300'000 morts et deux millions de déplacés depuis le début d'une insurrection en 2003. Des rebelles appartenant à des tribus non arabes dénonçaient leur marginalisation. Mme Bensouda a fait état de "nouveaux déplacements de masse" cette année.

Le Conseil de sécurité de l'ONU est divisé sur la stratégie à adopter au sujet du Darfour, car le régime de Khartoum a un allié de poids: la Chine.

La procureure a également évoqué les accusations de viol collectif que des soldats soudanais auraient commis sur 200 femmes et filles fin octobre dans un village du Darfour-Nord. Ces accusations "devraient choquer le Conseil et provoquer une réaction".

Kharthoum a dans un premier temps empêché la mission conjointe ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) d'enquêter sur ces accusations. Les Casques bleus ont ensuite pu se rendre dans le village où ils n'ont pas trouvé de preuves d'un viol collectif.

Mais un rapport confidentiel de la Minuad fait état d'intimidations auxquelles se serait livrée l'armée au moment où la mission enquêtait. Depuis, Khartoum a refusé les demandes de la Minuad de retourner sur les lieux pour poursuivre son enquête. Le gouvernement soudanais a demandé à la mission de préparer son départ du pays.

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