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En légalisant le cannabis, l'Uruguay contrevient à une convention qu'il a signé

L'Uruguay a adopté mardi soir la loi sur la légalisation du cannabis. Son commerce sera donc autorisé, sous le strict contrôle de l'Etat. Une décision qui enfreint une convention internationale de 1961.

11 déc. 2013, 19:19
Avec cette loi, l'Uruguay entend priver les narcotrafiquants de leur revenu et mieux contrôler les risques liés à la consommation de cannabis.

L'Uruguay contrevient aux règles internationales en vigueur avec sa loi autorisant la production et la vente de cannabis. L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), dépendant des Nations unies, a dénoncé cette décision.

L'OICS, dont le siège est à Vienne, "regrette" dans un communiqué la législation adoptée mardi soir par l'Uruguay. Il indique qu'elle enfreint la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, dont le pays est signataire.

Le président de l'OICS, Raymond Yans, s'est dit "surpris" que les autorités uruguayennes aient "consciemment décidé de briser les dispositions légales, acceptées et adoptées au niveau international, du traité".

Le Sénat s'est prononcé pour le texte présenté par le gouvernement à l'issue de douze heures de débats. La loi a été approuvée par 16 voix sur 29, grâce aux suffrages des sénateurs membres du Frente amplio (gauche, au pouvoir), dans la foulée des députés ayant déjà voté le texte en juillet.

Unique au monde

Si la constitutionnalité de la loi est confirmée, et après signatures des décrets d'application, sa mise en oeuvre n'interviendra au plus tôt qu'en avril 2014.

Cette loi unique au monde confère à l'Etat la mainmise sur la culture et la vente du cannabis à des fins récréatives. Elle repousse les limites des expériences menées dans les Etats américains du Colorado et de Washington, aux Pays-Bas ou en Espagne, lesquels autorisent ou tolèrent la production de cannabis dans un cadre privé.

Le projet est néanmoins critiqué par l'opposition, certains professionnels de la santé et des pharmaciens. Selon un sondage, 61% de la population rejette cette loi sur la légalisation du cannabis.

Salve d'applaudissements

L'annonce du résultat du vote a été accueillie au Sénat par une salve d'applaudissements provenant des rangs du public. Plusieurs centaines de partisans du texte en liesse étaient rassemblés aux abords du Palais législatif pour célébrer "le grand jour" dans une forte odeur de cannabis.

L'idée de cette première mondiale a été lancée il y a un an et demi par le président Jose Mujica, un ex-guérillero torturé sous la dictature (1973-1985).

Il veut priver les narcotrafiquants d'une importante source de revenus, alors que la lutte contre le trafic de drogue coûte environ 60 millions d'euros (73 millions de francs) par an au pays. Il vise aussi à limiter les risques liés à la consommation du cannabis et à détourner ses amateurs des dealers et des drogues dures.

La loi prévoit trois modes d'accès au produit: l'auto-culture, la culture dans des clubs de consommateurs et la vente en pharmacie, sous contrôle public (40 grammes maximum par mois). Toute publicité sera interdite et les cultivateurs ou consommateurs -des résidents obligatoirement majeurs- devront s'inscrire sur un registre national.

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