Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: Bernard Tapie mis en examen pour escroquerie en bande organisée

L'avocat de Bernard Tapie, Hervé Témime, a annoncé vendredi que son client avait été mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage du Crédit Lyonnais.

28 juin 2013, 16:22
Bernard Tapie risque une présentation devant les juges.

Bernard Tapie a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l'enquête sur l'arbitrage qui lui a octroyé 403 millions d'euros en 2008 pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas, a annoncé vendredi son avocat. L'homme d'affaires devrait s'exprimer lundi sur cette affaire.

Pieds nus et en pyjama vert selon la description faite d'une source interne à L'Hôtel-Dieu à Paris, Bernard Tapie, 70 ans, a passé l'essentiel de ses 96 heures de garde à vue dans cet hôpital situé à deux pas du Palais de justice.

L'établissement dispose d'une salle spécialisée pouvant accueillir des gardés à vue nécessitant une surveillance médicale. Il n'a pas été fait mention des problèmes de santé de l'homme d'affaires.

"Bernard Tapie vient d'être mis en examen pour escroquerie en bande organisée, mais je vous affirme que le dossier est vide d'élément susceptible de démontrer que la sentence arbitrale, son résultat, est le fruit d'une escroquerie, d'un plan concerté", a immédiatement réagi Hervé Temime, l'avocat de M. Tapie, à sa sortie de L'Hôtel-Dieu.

"C'est avec la plus grande sérénité que nous abordons cette phase de la procédure, une mise en examen qui nous paraissait annoncée et que nous allons combattre", a poursuivi Me Temime.

Ce dernier a encore annoncé que M. Tapie, qui a été placé sous contrôle judiciaire mais libre de ses mouvements, s'exprimerait lundi soir sur cette affaire. Pour le week-end, "il est allé se reposer loin de Paris", a-t-il dit.

Liens avec Sarkozy

Les juges soupçonnent que l'arbitrage a été truqué au profit de M. Tapie. Ils cherchent à comprendre comment l'homme d'affaires a plaidé sa cause auprès de l'ancien président Nicolas Sarkozy et de la ministre de l'Economie française d'alors Christine Lagarde.

La justice s'intéresse encore de très près aux liens de M. Tapie avec les arbitres, notamment Pierre Estoup, qui a été mis en examen.

Outre MM. Tapie et Estoup, deux autres personnes ont déjà été mises en examen pour le même chef d'accusation dans ce dossier: Stéphane Richard, le PDG d'Orange France, et Jean-François Rocchi, l'ex-président du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de liquider le passif du Crédit Lyonnais.

Sévèrement puni

"Aucun élément de nature politique, ni dans sa relation avec M. Sarkozy ni dans ses relations avec quelque membre que ce soit de l'Elysée ou d'un ministère quelconque ne font partie des éléments qui figurent dans les reproches qui lui sont faits en l'état", a précisé Me Temime.

L'escroquerie est une qualification qui en fait l'un des délits les plus sévèrement punis par le code pénal français. Constitue une bande organisée "tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'une ou de plusieurs infractions".

La peine est de cinq ans d'emprisonnement et 375'000 euros (460'000 francs) d'amende pour une escroquerie simple, mais elle peut passer à dix ans et un million d'euros (depuis 2004).

Visites à l'Elysée

Interrogé par les policiers le 31 juillet 2012, Bernard Tapie leur avait affirmé n'avoir "jamais parlé du dossier" à un président de la République, à un Premier ministre, ministre ou aux membres de leurs cabinets.

L'enquête a depuis montré qu'il s'était rendu de nombreuses fois à l'Elysée, notamment en juillet 2012, deux mois après l'élection de M. Sarkozy, pour une réunion uniquement consacrée à l'arbitrage. Simple "réunion d'information", avait plaidé M. Tapie en ne démentant pas sa présence.

Cette affaire réveille en France le spectre du conflit d'intérêt entre politique et monde des affaires. Certains soupçonnent Nicolas Sarkozy d'avoir favorisé Bernard Tapie pour son soutien lors de la campagne de 2007. Outre une mise en examen, M. Tapie pourrait voir tout ou partie de ses avoirs financiers et biens immobiliers saisis par les juges.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias