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Hassan Rohani au pouvoir de l'Iran

Avec 50,68% des voix au premier tour des élections, le religieux modéré Hassan Rohani a remporté la présidentielle iranienne, mettant un terme aux 8 ans de présidence de Mahmoud Ahmadinejad.

15 juin 2013, 18:08
Hassan Rohani est le nouveau président iranien.

M. Rohani a «obtenu 18,6 millions de voix sur un total de 36,7 millions de votes exprimés», a déclaré le ministre iranien de l'Intérieur Mostafa Mohammad Najar. Le nouveau président a largement devancé les trois principaux candidats conservateurs: le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (16,5%), l'actuel chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,35%) et l'ex-chef des Gardiens de la révolution Mohsen Rezaï (10,58%).

Immédiatement après l'annonce des résultats officiels, plusieurs milliers d'Iraniens sont descendus à pied ou en voiture dans les rues de la capitale pour «fêter» la victoire. Une foule en liesse s'est aussi rassemblée en d'autres endroits du pays.

«Vive la réforme, vive la réforme», ont scandé ses partisans. «Bye bye Ahmadi», ont-ils aussi repris en allusion au président sortant Mahmoud Ahmadinejad. Certains ont effectué le V de la victoire et ont scandé des slogans en faveur de Mirhossein Moussavi, candidat du camp réformateur en 2009 qui, selon ses partisans, a été volé de sa victoire par des fraudes en faveur de M. Ahmadinejad.

«Victoire de la modération»

Le vainqueur a été félicité par les autres candidats et M. Ahmadinejad, de même que par le Guide suprême qui a affirmé que «tout le monde devait aider le nouveau président et son gouvernement».

«Cette victoire est une victoire de la sagesse, une victoire de la modération, une victoire de la croissance et de la conscience et une victoire de l'engagement sur l'extrémisme et les mauvais esprits», a déclaré M. Rohani. Le nouveau chef de l'Etat a tendu la main aux vaincus, soutiens indéfectibles du guide suprême.

Hassan Rohani a fait état d'une donne nouvelle «sur la scène internationale» pour «ceux qui respectent véritablement la démocratie, la coopération et la libre négociation». Réagissant à son élection, les Etats-Unis se sont dit prêts à «nouer une relation directe avec les autorités iraniennes pour parvenir à une solution diplomatique à la crise liée au programme nucléaire de l'Iran».

Israël a de son côté minimisé le rôle du nouveau président iranien, soulignant que c'est le Guide suprême qui décide de la politique nucléaire iranienne.

Taux de participation en baisse

Le Royaume-Uni a appelé pour sa part M. Rohani «à mettre l'Iran sur un nouveau chemin». L'Union européenne s'est dite «déterminée» à travailler avec le nouvel élu sur la question nucléaire, alors que la France est «prête à travailler» avec lui, sur ce dossier mais aussi sur «l'engagement de l'Iran en Syrie». 

La Coalition de l'opposition syrienne a quant à elle appelé le nouveau président à revoir la position de son pays, fidèle allié du régime de Bachar al-Assad.

Aucune irrégularité n'a été constatée, avait précisé en début de soirée le Conseil des gardiens de la Constitution. Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en Iran avait toutefois estimé avant le scrutin que le climat politique dans le pays ne permettait pas de qualifier ce vote de «libre et équitable».

Cette élection intervient sur fond de grave crise économique due aux sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Pour les autorités, la priorité de ce scrutin était de faire oublier la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad il y a quatre ans. M. Mohammad Najar a annoncé que «la participation avait atteint 72,7%», contre 85% en 2009.

Continuité

Hassan Rohani, un ancien négociateur sur le programme nucléaire, a bénéficié cette semaine du désistement du candidat réformateur Mohammad Reza Aref. Il a aussi reçu le soutien des anciens présidents Mohammad Khatami et Akbar Hachemi Rafsanjani.

S'il apparaît à ce titre comme le candidat le moins conservateur, il n'en est pas moins un pur produit de la théocratie iranienne. Pour les autorités de Téhéran, il incarne donc une forme de continuité.

Selon la Constitution, le président est le deuxième personnage de l'Etat et ses capacités d'action sont limitées sur les dossiers stratégiques, tel le nucléaire. De plus, M. Rohani devra composer avec les frères Ali et Sadegh Larijani, deux conservateurs à la tête respectivement du Parlement et de l'Autorité judiciaire.

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