Donald Trump a bousculé jeudi ses partenaires de l'OTAN en réclamant qu'ils paient leur écot. Il n'a cependant pas levé les ambiguïtés sur l'engagement américain à défendre l'Europe.
"Il n'a pas mâché ses mots", a admis le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Mais "il a clairement exprimé son soutien à l'Alliance atlantique", a-t-il estimé se félicitant que l'administration Trump propose d'augmenter de 40% les budgets alloués aux déploiements de soldats américains en Europe en 2018.
Lors d'une cérémonie au nouveau siège de l'OTAN à Bruxelles, Donald Trump a exhorté ses homologues à "éradiquer le terrorisme", après avoir demandé une minute de silence pour les victimes de l'attentat djihadiste de Manchester. "L'OTAN du futur doit se concentrer sur le terrorisme et l'immigration, ainsi que sur les menaces de la Russie et les frontières à l'est et au sud de l'OTAN", a insisté M. Trump.
Bruxelles - Trump qui pousse un autre membre de l’OTAN pour être devant pour la photo. Ça dit bcp sur l'homme. pic.twitter.com/RGJna9MMCu
— Bruno Guglielminetti (@Guglielminetti) 25 mai 2017
"Nous devons être durs" et "vigilants" sur l'immigration, a martelé M. Trump, qui avait durement critiqué la chancelière allemande Angela Merkel pour avoir ouvert les bras aux réfugiés. "Des milliers et des milliers de personnes se répandent dans nos différents pays et se dispersent, et dans de nombreux cas, nous ne savons pas qui ils sont".
Peu avant lui, Angela Merkel avait pris la parole. "Les sociétés ouvertes, construites sur des valeurs communes sont couronnées de succès", pas "l'isolement et les murs", a-t-elle plaidé.
"Injuste pour les Américains"
Donald Trump a aussi profité de ce sommet pour tancer ses pairs. Le président américain a affirmé qu'ils devaient "d'énormes sommes d'argent" en raison du déséquilibre entre les budgets militaires des Etats-Unis et des pays d'Europe.
"Les membres de l'OTAN doivent enfin contribuer équitablement et remplir leurs obligations financières. C'est injuste pour les contribuables" américains, a-t-il reproché. Il a souligné que 23 des 28 pays membres ne payaient "toujours pas ce qu'ils devraient". M. Trump évoquait là les pays de l'OTAN dont le budget militaire n'atteint pas 2% du Produit intérieur brut, cap fixé pour 2024.
Une première
La cérémonie, durant laquelle le président américain a dévoilé un débris du World Trade Center, était l'occasion idéale pour que Donald Trump s'engage publiquement en faveur de l'"article 5" qui prévoit que les Alliés volent au secours d'un des leurs en cas d'agression extérieure. Une clause de défense collective que les Etats-Unis ont justement invoquée après les attentats du 11 septembre 2001.
Mais l'imprévisible locataire de la Maison Blanche s'est bien gardé de prononcer les mots rassurants que tout le monde attendait. En près de 70 ans, il est le premier président des Etats-Unis à refuser d'expliciter un tel engagement, inscrit dans le traité de Washington, soulignait Thomas Wright, chercheur à la Brookings Institution.
"Cela constitue un énorme choc pour les membres de l'OTAN", a-t-il estimé sur Twitter. Le président russe Vladimir Poutine, avec lequel l'OTAN entretient des relations glaciales mais que M. Trump admire, "sera ravi", selon le chercheur.