Plus de 800'000 personnes se suicident chaque année dans le monde, une toutes les 40 secondes. Et beaucoup d'autres font une tentative de suicide. L'OMS a lancé jeudi un appel à une meilleure prévention face à un problème qui reste tabou dans de nombreux pays. La Suisse va se doter d'un plan d'action.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15 à 29 ans. L'ingestion de pesticides, la pendaison et les armes à feu sont parmi les méthodes les plus répandues dans le monde.
"Il faut agir pour répondre à un grave problème de santé publique resté trop longtemps tabou", a déclaré la directrice générale de l'OMS Margaret Chan en lançant le premier rapport mondial sur la question.
Les suicides sont évitables. L'agence de l'ONU prône une stratégie globale multisectorielle de prévention du suicide, fondée sur des interventions menées en temps opportun et souvent peu coûteuses.
Mais la stigmatisation qui entoure les troubles mentaux et le suicide sont un obstacle de taille. Beaucoup de gens qui ont attenté à leur vie ne cherchent pas à se faire aider et ne reçoivent pas l'aide dont ils auraient besoin.
Plan suisse pour 2016
En 2012, 972 personnes ont mis fin à leurs jours en Suisse. Ces chiffres n'englobent pas les quelque 350 suicides assistés par des organisations ad hoc. Le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, a fait savoir le Département fédéral de l'Intérieur (DFI) qui a contribué au rapport de l'OMS.
La Confédération et les cantons mettent actuellement en place, dans le cadre du Dialogue Politique nationale de la santé, un plan d'action pour la prévention du suicide. Ce plan, élaboré de concert avec la fondation Promotion Santé Suisse et de nombreux autres acteurs, devrait être prêt début 2016.
Il ciblera la prévention des maladies psychiques, la prévention du suicide organisée par les hôpitaux et les cabinets médicaux, la problématique posée par l'accès aux moyens létaux, l'isolement, les statistiques et la recherche. Les besoins spécifiques de certains groupes cibles, des jeunes ou des personnes âgées, par exemple, seront également pris en compte, a indiqué le DFI.
Le rapport de l'OMS montre que les maladies psychiques constituent le principal risque de passage à l'acte. Parmi les premières mesures de prévention préconisées figurent ainsi la détection précoce et le traitement de la dépression ainsi que la création de centres spécifiques pour accueillir les personnes en situation de crise. La sécurisation des ponts et des voies ferrées constitue également une mesure importante.
Taux le plus élevé en Asie du Sud-Est
Le taux de suicide est le plus élevé en Asie du Sud-Est, avec le plus grand nombre de victimes en Inde. Quelque 314'000 victimes sur 804'000 dans le monde ont été ainsi recensées en Asie du Sud-Est, soit un taux de suicide de 17,7% pour 100'000 habitants, supérieur à la moyenne mondiale de 11,4 pour 100'000 habitants (15 chez les hommes et 8 chez les femmes).
En Europe aussi, le taux de suicide (12%) est plus élevé que la moyenne mondiale, avec 35'000 victimes recensées. Six pays européens sont parmi les 20 pays les plus touchés par ce fléau.
Le Bélarus a le taux le plus élevé en Europe (35,5%) . Il est suivi par la Lituanie (28,2), la Russie (19,5), la Hongrie (19,1), l'Ukraine (16,8), la Pologne (16,6), la Lettonie (16,2), la Finlande (14,8), la Belgique (14,2). La Suisse a un taux de suicide de 9,2% pour 100'000 habitants, derrière la France (12,3), et comme l'Allemagne (9,2). On se suicide peu en Italie (4,7), en Espagne (5,1) et au Royaume-Uni (6,2).
Record mondial en Guyana
Le record mondial des suicides est recensé en Guyana (44,2%) devant la Corée du Nord (38,5%). La Corée du Sud a un des taux les plus élevés (28,9%), ainsi que le Japon (18,5%), alors qu'il est de 12,1% aux Etats-Unis (où le 46% des suicides ont lieu avec des armes à feu).
Le taux de suicide est le moins élevé au Moyen-Orient. Il est le plus bas au niveau mondial en Arabie saoudite (0,4%). L'objectif de la stratégie de l'OMS est de réduire de 10% le taux de suicide dans l'ensemble des pays d'ici 2020.