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«C’est le summum d’une carrière»

Le Nyonnais Régis Joly fait partie des 20 arbitres qui œuvrent depuis samedi au Lagoa Stadium de Rio.

09 août 2016, 00:32
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propos recueillis par arnaud david

sports@lacote.ch

Connu des Nyonnais en tant que conseiller communal, Régis Joly troque régulièrement sa casquette de politicien pour celle d’arbitre international d’aviron. Depuis quatre jours, celui qui est également président du jury des régates de Lucerne est en train de vivre des instants mémorables: arbitrer des JO.

Comment abordez-vous ces Jeux olympiques?

C’est une double première pour moi: première fois aux JO et première fois en Amérique du Sud. Pour un arbitre, les Jeux, c’est le summum d’une carrière. Car à la différence d’un athlète qui peut-être amené à en vivre plusieurs, pour nous c’est la chance d’une vie.

De quelle manière avez-vous été désigné pour arbitrer à Rio?

Il faut être proposé par sa fédération nationale. Il a donc fallu que je fasse en sorte que ce soit moi leur candidat. Au niveau de l’arbitrage en Suisse, il y a une commission qui fait les sélections. Et il se trouve que j’en fais partie, c’est donc tout de suite beaucoup plus facile. Le dernier arbitre suisse aux JO c’était à Athènes en 2004. On a ensuite raté une sélection pour Pékin, puis pour Londres. On avait préparé un candidat qui n’avait pas été sélectionné au final. Comme il y a une limite d’âge à 65 ans, le candidat en question étant «out» à partir de Londres. Et le prochain sur la liste à avoir le niveau de pratique suffisant, c’était moi.

Les échecs de 2008 et 2012 ont-ils incité la Fédération suisse à mettre en place une stratégie particulière pour 2016?

On m’a préparé pour faire en sorte que je puisse avoir un cursus suffisant pour être proposé. La règle étant que durant l’olympiade qui précède une échéance olympique, il faut que vous ayez participé au moins à une compétition internationale majeure et j’ai eu la chance d’en avoir deux (ndlr: championnats du monde M23 en 2012 et championnats du monde 2014). Il y a aussi une règle qui dit que l’on ne vous sélectionne pas deux ans de suite pour un événement majeur. D’où la stratégie de dire: en 2014 on va aux mondiaux et en 2015 on fait une pause... Au surplus, la Suisse, qui est une nation importante de l’aviron, n’était plus représentée depuis deux olympiades. Après il a aussi fallu un peu de chance, il y a 150 nations affiliées et 20 postes à pourvoir pour les Jeux, avec une répartition continentale équitable, ce qui est assez difficile pour l’Europe, un «petit» continent avec beaucoup de pays. Mais a priori il n’y avait aucun obstacle majeur pour que je n’y aille pas. C‘est la réussite d’une stratégie de longue haleine qui a porté ses fruits.

Remontons un peu le temps. De quand date votre premier contact avec le monde de l’aviron?

J’ai commencé à ramer en 1984 au club de Nyon. En double et quatre de couple essentiellement. Je ne suis pas quelqu’un qui se fait mal tout seul, j’ai toujours ramé en équipe. J’ai croché, progressé. J’ai fait plusieurs courses de niveau national, puis j’ai eu quelques engagements au niveau international. Malheureusement, à l’armée, j’ai un genou qui a fait des siennes, ce qui a mis un terme à la fois à ma carrière militaire, ce qui n’était pas dramatique, mais également à ma carrière sportive. A partir de ce moment-là, j’ai essayé d’aider au club et d’entraîner un peu. Les résultats n’étaient pas là, ce n’était pas très satisfaisant, j’ai donc rapidement arrêté.

Qu’est-ce qui vous a incité à devenir arbitre?

Au tournant du siècle, j’ai quelques copains, qui étaient arbitres, qui m’ont dit: «Viens, on cherche du monde». J’ai donc rejoint le corps arbitral en 2001, en passant tout le cursus de formation, constitué d’une partie théorique et d’une partie pratique. Pour cette dernière, c’est un peu comme de la conduite automobile: vous y allez avec quelqu’un à côté de vous jusqu’au passage de l’examen. Et après vous vous débrouillez tout seul. Depuis 2001 j’arbitre au niveau national. Et en 2005 j’ai fait ma licence internationale.

Revenons à votre actualité olympique. Chaque arbitre, à tour de rôle, occupe une fonction différente au cours des régates: contrôle technique, ponton de départ, starter, arbitre de parcours, sur la ligne d’arrivée... Y en a-t-il une que vous appréciez particulièrement?

Le rôle le plus prestigieux reste celui du starter. Il a une grosse responsabilité sur ses épaules. Il doit faire respecter l’horaire, il est en contact avec les athlètes, il communique avec eux. Il ne doit pas amener de stress dans la zone de départ à un moment où les athlètes sont le plus concentrés, sur les nerfs et ou le moindre coup de klaxon intempestif peut faire partir un bateau. Il faut être super-calme, s’exprimer clairement avec des ordres les plus simples possibles. Il est aussi là pour faire une sorte de police dans la zone de départ, quand il doit dire quelque chose, il faut que ce soit très clair du premier coup. C’est le job dont tout le monde rêve. L’arbitre qui est starter le jour des finales, c’est un peu comme l’arbitre qui officie lors de la finale de la coupe du monde de football. C’est le poste en or.

Quel regard portez-vous sur les affaires de dopage qui ont fait la une de l’actualité ces dernières semaines?

Au niveau de notre sport le ménage a été fait puisque des bateaux ont été exclus suite à des cas avérés. Mais en tant qu’arbitres, ces affaires-là, ce n’est pas notre problème. Nous, notre travail consiste à s’assurer que les règles sont respectées. Il y a, bien sûr, des règles en matière de dopage, mais il y a des instances médicales officielles qui sont en charge de cela.

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