Des chercheurs de l'Université de Fribourg sont sur la piste d'un nouveau traitement contre certains cancers, notamment du côlon. La thérapie, qui consisterait à obliger les cellules responsables de la production d'anticorps à se diriger vers l'intestin, pourrait aussi intervenir dans le traitement de maladies chroniques.
Cette piste est apparue après que la professeure Carole Bourquin et son équipe ont constaté qu'en cas d'infection virale, comme par exemple la grippe, les lymphocytes B désertent complètement le tube digestif où ils sont habituellement concentrés. Ils sont alors redirigés là où ils sont nécessaires, selon les résultats des recherches menées conjointement avec l'Université de Munich.
"Notre champ de recherche, qui s'attache en particulier à la manière de mobiliser notre système immunitaire pour lutter contre le cancer du côlon, pourrait profiter de cette découverte", explique la responsable de l'unité de pharmacologie de l'Université de Fribourg, citée mercredi dans un communiqué de cette dernière.
Réaction à une molécule
En essayant ensuite de comprendre les mécanismes à l'origine de cette disparition, les chercheurs ont démontré qu'elle n'est pas due au virus lui-même. Il s'agit en fait d'une réaction à l'interféron, une molécule produite en grande quantité par le corps pour se défendre.
Pendant toute la phase infectieuse, l'interféron empêche la molécule permettant aux lymphocytes de se fixer à la surface des intestins de jouer son rôle.
"En bloquant ces mécanismes, on devrait permettre aux lymphocytes d'entrer plus massivement dans le côlon", estime la professeure Bourquin. Pour ce faire, la scientifique préconise de prélever des cellules sur un patient et de les manipuler en laboratoire pour les rendre insensibles à l'interféron.
Maladies chroniques
Cette découverte, publiée dans la revue "Blood", pourrait aussi s'avérer utile dans le traitement de maladies chroniques, comme l'hépatite C ou la sclérose en plaques. Ces patients présentent un taux constant et trop élevé d'interféron, ce qui entraîne des faiblesses de leur système immunitaire.
La thérapie cellulaire existe déjà au niveau expérimental, surtout aux Etats-Unis, mais s'attache surtout à la création de lymphocytes qui reconnaissent le cancer et sont très actifs. "La piste de la migration des lymphocytes est particulière à notre laboratoire fribourgeois", a encore relevé Carole Bourquin.