Cela fait un peu plus de six mois que le Centre hospitalier universitaire vaudois et Unisanté ont ouvert une consultation dédiée au Covid long. A ce jour 85 personnes souffrant de ce que les médecins définissent aujourd’hui comme «une maladie qui doit être reconnue en tant que telle» y ont été prises en charge. Qui touche-t-elle le plus? Quels sont les symptômes les plus fréquents? Et comment intervenir pour favoriser la rémission? Un article paru récemment dans la «Revue médicale suisse» revient sur l’état des connaissances et les enseignements d’une demi-année au contact des patients. A commencer par la définition de ce que l’on entend par le terme «long». Covid long est utilisé pour décrire les divers symptômes persistant plus de 4 semaines après l’infection.

Les 35 à 49 ans plus sujets

Selon les données compilées, les femmes ont plus tendance à faire des Covid longs que les hommes, avec une prévalence légèrement plus haute que les hommes (23,6 contre 20,7%). Plus surprenant, ce sont les personnes âgées entre 35 et 49 ans (26,9%) qui semblent le plus souvent affectées par la maladie. «C’est étonnant. Ce n’est a priori pas de ce groupe d’âge que l’on attend une plus grande propension à être touché par une maladie chronique», souligne Bernard Favrat, interniste responsable de la consultation Covid long d’Unisanté.

Le médecin précise que le plus souvent les gens souffrent de fatigue, un symptôme très certainement lié à une perturbation de la régulation de la respiration au niveau des centres cérébraux. La perte de l’odorat (anosmie) et la perturbation du goût (dysgueusie) sont aussi courantes, mais dans 90% des cas ces symptômes disparaissent après un an. Par ailleurs, des cas de personnes ayant des troubles de la respiration (dyspnée), de la toux, des douleurs thoraciques, des maux de tête, des douleurs musculaires, des palpitations, des problèmes de concentration et cognitifs, des troubles gastro-intestinaux, voire même perdant leurs cheveux sont rapportés. «Une caractéristique importante du Covid long est qu’il s’agit d’une atteinte «multisystémique», provoquant des symptômes fluctuants et prolongés», relève Bernard Favrat.

Il faut absolument un accompagnement régulier par le médecin traitant et que tout facteur de stress soit limité au minimum.

Bernard Favrat, interniste responsable de la consultation Covid long d’Unisanté

Pour les médecins d’Unisanté, il est d’autant plus important de reconnaître les symptômes rapidement qu’une étude récente montre que 73% des patients Covid long s’absentent au moins partiellement du travail pendant au minimum six mois après l’infection. L’étude fait état d’une baisse de performances de 66%. «Il faut absolument un accompagnement régulier par le médecin traitant et que tout facteur de stress soit limité au minimum. Nous avons noté qu’il empêche la rémission, quand il ne provoque pas ce que l’on appelle un crash, soit un effondrement qui demande de tout reprendre de zéro», explique le médecin.

Plusieurs facteurs

Les auteurs de l’article recommandent une approche prenant en compte à la fois les facteurs physiques, psychologiques et la situation sociale des patients. Il est notamment conseillé aux physiothérapeutes de privilégier un réentraînement physique progressif par paliers, selon la technique dite du «pacing». Au travail, l’activité professionnelle doit être adaptée: «Nous sommes face à des personnes qui peuvent avoir perdu jusqu’à deux tiers de leur capacité énergétique. Il faut qu’elles s’adaptent à ce nouveau rythme et qu’elles fassent les choses en conséquence. Et si ça va mieux, l’activité peut être progressivement augmentée de l’ordre de 10% par mois. Mais si on exagère, le corps réagit fortement par des inflammations», insiste Bernard Favrat.

Nous sommes face à des personnes qui peuvent avoir perdu jusqu’à deux tiers de leur capacité énergétique.

Bernard Favrat, interniste responsable de la consultation Covid long d’Unisanté

Et d’ajouter que les médecins devraient être en contact avec les employeurs pour un accompagnement spécifique dans la durée, «car il n’est pas toujours évident pour ces derniers de rattacher certaines performances professionnelles aux symptômes persistants du Covid long». A ce titre, Unisanté réfléchit en ce moment à l’élaboration d’un projet visant à proposer en contexte professionnel des explications de ce qu’est le Covid long. Selon les études, les taux de prévalence de Covid long évoqués oscillent entre 10 et 40% chez les personnes infectées. Une grande étude ambulatoire menée aux Hôpitaux universitaires de Genève donne à penser que la maladie est plus répandue que les premières estimations avec 40% des malades du Covid souffrant encore de symptômes comme la fatigue, l’essoufflement ou des maux de tête sept à neuf mois après l’infection aiguë.

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