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Egypte: Sissi élu sans concurrence et sans surprise

Ancien chef de l'armée égyptienne, le maréchal Sissi accède sans surprise à la présidence du pays. Son unique rival, un homme de gauche, n'a récolté que 3,1% des voix. Le taux de participation, est resté sous la barre des 50%.

04 juin 2014, 06:56
Le maréchal Sissi dirigeait déjà de facto l'Égypte, depuis la destitution de Mohamed Morsi.

Abdel Fattah al-Sissi a été élu président d'Egypte avec 96,9% des suffrages, selon la commission électorale. Le taux de participation a été de 47%. L'ex-chef de l'armée égyptienne dirigeait déjà de facto le pays depuis qu'il avait destitué l'islamiste Mohamed Morsi il y a 11 mois.

Dans un discours télévisé après l'annonce de sa victoire, le maréchal Sissi a appelé les Egyptiens à oeuvrer pour restaurer "la liberté" et la "justice sociale". Il a recueilli 23'780'104 suffrages contre 757'511 pour son unique rival, le leader de la gauche Hamdeen Sabbahi, a indiqué mardi la commission électorale nationale.

Le taux de participation est de 47,45%, précise-t-elle. Avec près de 24 millions des suffrages exprimés (sur 54 millions d'électeurs inscrits) en sa faveur, c'est près d'un électeur inscrit sur deux qui a voté pour M. Sissi. Il a recueilli quelque 10,5 millions de voix de plus que M. Morsi en 2012.

A l'énoncé de son score digne de ceux recueillis par les plus fameux autocrates, la quasi-totalité des journalistes égyptiens réunis à la commission électorale ont hurlé de joie, selon des journalistes de l'AFP.

Et sur l'emblématique place Tahrir, au coeur du Caire, des milliers de supporteurs agitaient des drapeaux de l'Egypte, chantaient et dansaient à la gloire de leur "héros". C'est sur cette même place que des jeunes avaient manifesté début 2011 pour mettre fin à 30 ans de règne absolu de Hosni Moubarak.

M. Sissi n'a pas eu besoin de battre la campagne tant il jouit d'un véritable culte de la personnalité depuis son coup de force contre M. Morsi et la confrérie des Frères musulmans.

Le roi d'Arabie saoudite a été le premier chef d'Etat étranger à saluer la victoire "historique" de l'ex-chef de l'armée. Il a proposé la tenue d'une conférence des donateurs pour aider l'économie de ce pays, très affectée par trois années d'instabilité politique.

L'Arabie saoudite est l'un des principaux soutiens de M. Sissi. Le roi du Maroc Mohammed VI a également adressé un message à M. Sissi pour exprimer ses "voeux les plus sincères de plein succès".

Implacable répression

Le maréchal avait pris sa retraite de l'armée pour pouvoir se présenter à la présidentielle des 26, 27 et 28 mai. Auparavant, le gouvernement intérimaire qu'il avait lui-même installé avait éliminé de la scène politique le principal mouvement d'opposition, les Frères musulmans. Désormais interdite et déclarée "organisation terroriste", la confrérie islamiste a boycotté l'élection.

Leur candidat en juillet 2012, Mohamed Morsi, a été le premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte. Mais le 3 juillet 2013, après que des millions d'Egyptiens eurent manifesté pour réclamer son départ, le général Sissi le destituait et le faisait arrêter.

Policiers et soldats se sont ensuite lancés dans une implacable répression de ses partisans, notamment les Frères musulmans. Cette confrérie islamiste avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak.

Depuis un an, plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15'000 Frères musulmans emprisonnés, dont la quasi-totalité de leurs leaders. Ils encourent, à l'instar de M. Morsi, la peine de mort dans divers procès.

Pour justifier la répression, le gouvernement a invoqué la "guerre contre le terrorisme". Des dizaines d'attentats ont visé les forces de l'ordre depuis l'éviction de M. Morsi.

Plus autoritaire que Moubarak

Les quelques dizaines d'observateurs étrangers venus assister au scrutin ont jugé que l'élection n'avait pas été marquée par des fraudes. Mais ils ont émis quelques réserves sur son caractère "équitable", en l'absence de toute opposition crédible.

En revanche, les ONG internationales des droits de l'Homme avaient d'emblée estimé que cette élection était "une farce". Elles dénoncent les "massacres" de manifestants pro-Morsi, les emprisonnements massifs et les procès iniques. Beaucoup estiment d'ores et déjà que le pouvoir de Sissi est encore plus autoritaire que celui de Moubarak.

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