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"L'Expérience Blocher": dans l'intimité du politicien suisse le plus controversé

"L'Expérience Blocher" arrive sur les écrans romands le 30 octobre. Le réalisateur vaudois Jean-Stéphane Bron explique sa démarche, entre le documentaire et la psychanalyse.

21 oct. 2013, 08:07
Le réalisateur vaudois Jean-Stéphane Bron a suivi Christoph Blocher, sans lui poser de questions. C'est une voix off qui esquisse le portrait du politicien.

Il lui faudra regarder le film au moins dix fois pour espérer le comprendre. C'est ce qu'aurait confié Christoph Blocher à son entourage à l'issue de l'avant-première en août au Festival de Locarno. Une remarque qui n'a pas échappé au réalisateur Jean-Stéphane Bron. C'est que le cinéaste vaudois a voulu raconter l'inconscient du politicien le plus influent et controversé de Suisse. Pour "L'Expérience Blocher", il s'est embarqué à ses côtés à l'image de ces journalistes de guerre "embedded", qui accompagnent les troupes sur le terrain.

Des milliers d'heures avec Blocher

En additionnant les 60 jours de tournage et les sept mois de montage, le réalisateur estime avoir passé des milliers d'heures en compagnie du stratège de l'UDC. Mais le cinéaste a aussi fait un important travail de recherche. "J'ai fait mon enquête, je suis allé voir des voisins de sa jeunesse, des gens de son école, des gens qui ont entendu son père, le pasteur Blocher, faire des prêches. J'ai parlé à des membres de sa famille", raconte Jean-Stéphane Bron.

Pourtant, pas une image de ces entretiens n'apparaît dans le documentaire. Volontairement. Le cinéaste préfère transmettre la quintessence de ses recherches et de ses conversations avec l'ancien conseiller fédéral en voix "off". Il joue en quelque sorte un rôle de catalysateur.

Cette approche "a été claire très vite. Il était mentionné dans la description du projet que le film serait accompagné de mon commentaire", précise le Vaudois.

"Le langage est son arme"

Le but était de ne pas laisser l'orateur hors pair qu'est le tribun zurichois raconter lui-même son histoire. "Le langage est son arme", explique le réalisateur. Dans le film, Jean-Stéphane Bron explique même renoncer à poser des questions parce qu'il sait que pour s'approcher du vrai Blocher, "c'est perdu d'avance".

Ainsi, le réalisateur ne laisse pas son personnage principal relater son enfance face à la caméra. "Lorsque nous sommes allés visiter la maison familiale, j'avais la caméra avec moi, mais je ne l'ai pas utilisée", se rappelle-t-il.

D'ailleurs, "Blocher ne raconte absolument pas son enfance comme moi je la décris dans le film", confie M. Bron. Alors que "lui parle d'une enfance joyeuse et d'un père formidable", la voix "off" du documentaire s'interroge elle sur les traces laissées par le fait que le pasteur Blocher était détesté par les gens du village. Ou encore par le fait que le jeune Christoph, qui voulait faire un apprentissage d'agriculteur, n'avait pas le soutien paternel.

Un personnage "construit"

Lors de leur premier entretien, Christoph Blocher a dit au cinéaste qu'il ne se connaissait pas lui-même. "Avec le recul, j'ai l'impression que cette étonnante déclaration voulait me dire: 'c'est vous le peintre'", suppose le cinéaste.

"J'ai essayé de construire son monde intérieur et j'assume le fait que je construis un personnage hanté par sa propre histoire", poursuit Jean-Stéphane Bron. "J'invente ce que je pense qu'il ressent". Et si le film montre souvent le milliardaire de Herrliberg (ZH) seul, c'est parce que "je pense que c'est un homme seul", explique le réalisateur.

Mais il demeure des zones d'ombre et des mystères. Le cinéaste l'admet lui-même à la fin de son documentaire. "Ce n'est pas un aveu d'échec, je n'ai jamais pensé que je découvrirais tout sur Christoph Blocher".

Regardez la bande-annonce du film, qui sortira sur les écrans romands le 30 octobre:

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