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Le débat sur l'initiative Minder n'a pas changé la donne sur les salaires abusifs

Le débat sur les salaires abusifs n'a pas de réel impact, estiment les observateurs.

21 janv. 2013, 14:05
L'agence de publicité zurichoise Werbeanstalt Schweiz AG a engagé des étudiants pour écrire des commentaires opposés à l'initiative Minder sur des portails d'information en ligne.

Le débat sur les salaires abusifs a sans doute eu un effet sur les top managers, mais pas de réel impact, selon les observateurs. Pour le directeur d'Ethos Dominique Biedermann, l'autorégulation a fait trop peu de progrès.

"Depuis quelques années, on remarque que les grands patrons prennent conscience qu'ils doivent faire attention quand ils abordent le thème des rémunérations", relève Dominique Biedermann à la tête d'Ethos, créée par des caisses de pensions.
 
Selon lui, les choses avancent trop lentement. Seules 50 des plus grosses sociétés en Suisse ont accepté un vote consultatif facultatif sur les rémunérations, rappelle-t-il.
 
Les entrepreneurs qui ne veulent rien savoir de telles démarches se réfugient derrière deux excuses. Les uns considèrent les votes consultatifs comme inutiles puisque selon leurs dires ils n'octroient pas de salaires abusifs.
 
Les autres pensent qu'il n'est pas nécessaire d'introduire de nouvelles mesures provisoires, sachant que de nouvelles dispositions légales vont arriver, à savoir le contre-projet indirect à l'initiative Minder élaborée par le Parlement.
 
Discours incohérent
 
"Beaucoup de managers sont pour une législation strictement réduite. Mais c'est faire preuve d'incohérence que de renoncer à une autorégulation facultative", estime M. Biedermann. Il est convaincu qu'une autorégulation est possible.
 
Les managers l'ont d'ailleurs bien compris puisqu'eux-mêmes jugent nécessaire d'améliorer le système de rémunérations. Par exemple chez UBS ou Credit Suisse, on constate des progrès chaque année. Mais Ethos les trouve insuffisants. L'an dernier, la fondation a rejeté le rapport sur les rémunérations d'UBS.
 
Dominique Biedermann a également constaté que les choses commencent aussi à bouger du côté des actionnaires. "Les investisseurs institutionnels comme les caisses de pensions et les assurances sont de plus en plus conscients de leur responsabilité envers leurs assurés et de leurs propres droits d'actionnaires", relève-t-il.
 
C'est dans cette optique qu'Ethos et d'autres associations ont présenté lundi à Zurich des lignes directrices pour investisseurs institutionnels.
 
Le poids de la concurrence
 
La sociologue zurichoise Katja Rost voit quant à elle des changements minimes dans le comportement des managers et des actionnaires: "La discussion publique sur les salaires trop gourmands n'a conduit qu'à des réductions ponctuelles sans effet à long terme", affirme-t-elle.
 
Pour les actionnaires, la marge de manoeuvre est selon elle limitée. Aussi longtemps que la majorité des sociétés débauche des talents au moyen de la politique salariale, il n'est pas dans l'intérêt des actionnaires de proposer des adaptations.
 
Beaucoup de grandes entreprises se sentent contraintes à cette pratique pour rester dans la course au plan international. "Il manque des instances globales pour offrir une situation optimale à tout le monde", conclut-elle.
 
Déconnectés de la base
 
Pour le sociologue bâlois Ueli Mäder, la discussion a touché quelques grands patrons car ils craignent une fracture dans la paix du travail. D'autres montrent de prime abord une plus grande retenue.
 
Par exemple, des chefs de grands groupes électriques soulignent désormais haut et fort le caractère public de leur entreprise. Auparavant, les mêmes étaient prompts à revendiquer une privatisation de leur société. D'autres veulent à nouveau considérer le capital et le travail à égalité.
 
Mais beaucoup de grands patrons continuent d'évoluer dans des "ghettos". "Ils se rendent compte certes d'une radicalisation sociale qu'ils ne considèrent toutefois pas comme un problème mais plutôt comme une composante dynamique du tournant social", explique le chercheur qui a mené plusieurs interviews dans le cadre de ses travaux.
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