Au Tessin, trois petits postes-frontières avec l'Italie resteront fermés durant la nuit dès samedi. Pendant une phase-test de six mois, des données seront recueillies sur le trafic et la criminalité transfrontalière. Les communes frontalières italiennes ne comprennent pas cette décision.
Ce n'est pas un poisson d'avril: à partir du 1er avril, trois postes-frontières entre la Suisse et l'Italie seront bouclés durant la nuit. Il s'agit de ceux de Novazzano-Marcetto, Pedrinate et Ponte Cremenaga, au sud du Tessin.
Selon la police cantonale et les gardes-frontière, ces postes resteront fermés de 23h00 à 05h00. Ce projet pilote découle d'une motion de la conseillère nationale de la Lega Roberta Pantani. Durant la phase de test, des informations seront récoltées sur les effets qu'une fermeture nocturne durable pourrait avoir.
Un examen préalable a montré qu'en moyenne seul un cinquième des véhicules qui traversent ces trois passages viennent de Suisse. Les 80% restants viennent de l'Italie. Le choix s'est en outre porté sur ces postes parce qu'une directive Schengen stipule que d'autres postes doivent encore être ouverts au trafic dans le périmètre.
Incompréhension en Italie
Du côté italien, cette mesure suscite l'incompréhension. Les communes frontalières n'ont même pas été informées, a dit Guido Bertocchi, maire de la commune italienne frontalière de Bizzarone, interrogé mardi par l'ats. Il confirmait une information du portail en ligne "Ticinonews".
C'est la raison pour laquelle, avec quatre autres collègues de la région, il a écrit une lettre de réclamation aux autorité italiennes concernées. Les magistrats y expliquent qu'une fermeture des postes entre 23h00 et 05h00 est "inefficace". Ils disposent de statistiques qui montrent que la criminalité transfrontalière se produit principalement entre 18h00 et 20h00.
M. Bertocchi espère maintenant que cette mesure puisse être discutée dans une table ronde. La partie suisse devrait aussi y être représentée.
Corps des gardes-frontière sceptique
La critique contre cette mesure est aussi venue du commandant du Corps des gardes-frontière au Tessin, Mauro Antonini. La fermeture temporaire n'accroît pas la sécurité, a-t-il dit dans une interview à la télévision tessinoise Teleticino.
Elle est déjà "assez élevée". Avant l'adhésion de la Suisse à l'accord de Schengen, il y avait aussi eu des fermetures nocturnes, mais malgré tout la situation sécuritaire était plus mauvaise que maintenant.
La statistique 2016 de la criminalité pour le canton du Tessin, présentée lundi par la police cantonale et le directeur cantonal de la sécurité Norman Gobbi (Lega), a révélé une baisse de 14% des vols par effraction par rapport à l'année précédente. Un recul des vols est aussi constaté dans la région frontalière du Mendriosiotto, au sud du Tessin.
Le conseiller d'Etat Norman Gobbi, interrogé par l'ats, a malgré tout défendu la période de test. Ce n'est pas parce que la situation s'est améliorée récemment qu'il faut maintenant relâcher les efforts, estime l'élu de la Lega.