Le Canton de Vaud veut améliorer la qualité de son dispositif d’hébergement d’urgence. S’appuyant sur une vaste étude publiée jeudi, il veut sortir de la logique saisonnière et annualiser le nombre de places hivernales. Le coût de cette mesure se monte à près de 775 000 francs.

«Ce changement permettra de stabiliser l’offre à l’année et de se rapprocher d’un équilibre entre demande et offre», affirment les services de la ministre de la santé Rebecca Ruiz dans un communiqué. Il est aussi prévu de renforcer l’accompagnement social en journée afin de pouvoir mieux orienter les personnes concernées vers des soutiens permettant de les sortir de la situation d’urgence, ajoute le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS).

Cette nouvelle stratégie répond aux recommandations d’une étude indépendante commandée par le DSAS et menée par la Haute école de travail social de Fribourg (HETS-FR). Le mandat était d’évaluer le dispositif d’hébergement d’urgence actuel dans le canton. L’enquête identifie des points forts tels que la gratuité, la diversité de l’offre, l’accès inconditionnel et les initiatives permettant aux personnes concernées de sortir de l’urgence.

«Cette étude conséquente et complète fournit une base solide pour pouvoir consolider le dispositif cantonal d’hébergement d’urgence tout en tenant compte des différents besoins rencontrés sur le terrain», souligne Mme Ruiz, citée dans le communiqué.

Hommes de 30 à 49 ans

La période observée va de 2018 à 2022. Le rapport souligne la grande hétérogénéité des publics ciblés: des personnes de passage, des personnes qui ont droit à des prestations sociales, des travailleurs aux revenus modestes, des seniors et des personnes en situation d’addiction ou atteintes dans leur santé.

La majorité des usagers des hébergements d’urgence sont des hommes (85%), âgés de 30 à 49 ans et sans formation au-delà de l’éducation élémentaire. Les femmes ne représentent donc que le 15%. Les mineurs ne représentent que 3% et les personnes de 70 ans et au-delà que 1% du total.

Il s’agit pour l’essentiel de ressortissants étrangers en provenance principalement de l’Europe de l’Est et de l’Afrique subsaharienne et sans statut légal en Suisse. Près de 22% sont de nationalité roumaine, 18% nigériane, 9% française et environ 7% suisse. Suivent l’Algérie, l’Espagne, le Maroc, l’Italie et le Portugal, entre 6,5 et 2,5% environ.

Courte durée

Près de la moitié des usagers a comptabilisé un très faible nombre de nuitées dans un hébergement d’urgence vaudois, ne dépassant pas trois nuits en moyenne. Et la majorité (près de 80%) des personnes a fréquenté le dispositif sur une durée de moins d’un mois.

Plus globalement, l’enquête de la HETS-FR estime le nombre de sans-abri dans le canton de Vaud en 2023 entre 370 et 430, en s’appuyant sur la part visible dans les hébergements d’urgence. En comptant les personnes en habitat précaire (part plus invisible qui ne fait pas appel à ces hébergements), ce nombre grimpe à environ 700.

Hébergement d’urgence: Vaud compte sortir de la logique saisonnière

Une étude commandée par le Département de la santé et de l’action sociale préconise entre autres d’annualiser les places d’accueil et de renforcer l’aide à la sortie de l’urgence.