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Evasion à Genève: le suspect, "une bombe prête à exploser"

Après le meurtre jeudi à Genève de la sociothérapeute Adeline, le suspect court toujours. Les recherches menées dans la région de Bâle n'ont pour l'heure pas abouties.

14 sept. 2013, 13:51
Le corbillard quitte la zone sous le regard de policiers a l'entree du Bois d'Avault ce vendredi 13 septembre 2013 a Bellevue a cote de la commune de Versoix dans la region de Geneve. La personne retrouvee morte pres de Versoix est la sociotherapeute de 34 ans qui a disparu jeudi matin a Geneve alors qu'elle accompagnait, en sortie planifiee educative, un detenu de 39 ans. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)....Watched by Members of the police. a hearse leaves the Avault wood, Friday 13 September 2013 in Versoix-Bellevue near Geneva, Switzerland. In the wood the dead body of a female social therapist was found this Friday after Thursday a detainee disappered with her. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

Une experte psychiatre française auprès des tribunaux, qui a observé Fabrice A., toujours en fuite, lors de son procès de 2003, affirme qu'il va recommencer à violer jusqu'à tuer. "C'est une bombe prête à exploser de nouveau", déclare Liliane Daligand dans une interview parue dans "Le Matin" samedi.

Selon cette experte auprès des tribunaux et professeur à l'Université de Lyon, "violer jusqu'à tuer est (pour lui) comme une drogue". Elle "trouve incroyable qu'on ait pu laisser une femme seule avec un type pareil".

Ce qu'elle en retient dans "Le Matin" après l'avoir examiné il y a 10 ans, c'est le "souvenir d'un homme glaçant qui a quelque chose de bestial en lui". Il donnait l'impression, selon elle, qu'il ne pouvait qu'aller dans l'aggravation s'il récidivait.

Fabrice A., suspecté du meurtre, jeudi, de la sociothérapeute de 39 ans qui l'accompagnait à une sortie éducative, est toujours en fuite, a indiqué samedi matin à l'ats le porte-parole du Ministère public genevois Henri Della Casa. Vendredi, des recherches étaient menées dans la région de Bâle où un chien policier a flairé sa piste.

Le porte-parole du procureur se refuse par ailleurs à commenter toutes les informations données dans les médias. Certains parlent notamment de l'achat d'un couteau pour curer les sabots des chevaux, alors qu'il se rendait au manège pour un traitement de psychomotricité avec des chevaux en compagnie de l'éducatrice.

Une application trop stricte du secret médical
 
Après ce meurtre, un expert dans le domaine carcéral, Benjamin Brägger, demande un meilleur échange d'informations entre les psychiatres chargés des évaluations des détenus et le système pénitentiaire. Selon lui, le secret médical est appliqué de façon trop stricte en Suisse romande.

Benjamin Brägger, chargé de cours aux universités de Berne et de Lausanne, ne mâche pas ses mots dans des interview publiées samedi dans "La Liberté" et la veille sur SRF, la radio publique alémanique. "En Suisse romande, le système pénitentiaire et la psychiatrie devraient travailler plus étroitement ensemble. Comme c'est le cas du côté alémanique, où l'on travaille pour la société et non pour le détenu".

A Genève, les autorisations de sortie de tels criminels sont normalement examinées par la Commission de dangerosité dans laquelle siègent des psychiatres et des représentants de la justice, a déclaré samedi à l'ats Pierre-François Hunger, conseiller d'Etat à la tête de la santé genevoise. Dans le cas de Fabrice A., l'enquête administrative devra déterminer si tel a été le cas, a-t-il ajouté.

L'expert appelle à la création de bases légales qui obligent les psychiatres et les psychologues à transmettre les informations durant ces thérapies ordonnées par la justice. "Le secret médical est important, mais on joue avec des vies", dénonce Benjamin Brägger, qui conseille notamment la Conférence ders directeurs cantonaux de justice et police.

Comme dans les précédents cas de délinquants sexuels récidivistes de Gorgier (NE) et de Payerne (VD), l'affaire de la jeune maman Adeline relève d'une exécution des peines qui a mal tourné: "C'est une catastrophe humaine mais aussi pour le système pénitentiaire.", dit M.Brägger.

A Genève, la dangerosité de Fabrice A., le détenu condamné pour viol que la sociothérapeute accompagnait en sortie éducative et auteur présumé du meurtre, a dû être mal évaluée. "Les violeurs sont des manipulateurs de première catégorie", relève l'expert.

Ils peuvent faire semblant d'avoir appris sans qu'il y ait de changement profond. Sans un système très critique envers le détenu", il peut passer entre les mailles du filet.

Centre de la Pâquerette, un modèle de prise en charge

Le Centre genevois de la Pâquerette est un modèle hautement individualisé de prise en charge de la resocialisation, affirme André Kuhn, professeur à l'Université de Lausanne. Pour un cas, aussi dramatique soit-il, où cela ne fonctionne pas, il y en a des centaines voire des milliers qui donnent de bons résultats.

Dans une interview au 12:30 de RTS/La Première, le professeur associé à l'Institut de criminologie et de droit pénal de l'Université de Lausanne relève les bons résultats obtenus par le centre intégré dans l'enceinte de la prison de Champ-Dollon.

Présenté par les autorités genevoises comme unique en Suisse, celui-ci accueille des personnes condamnées à de lourdes peines qui sont atteintes de désordres graves de la personnalité, mais qui ne souffrent pas de maladies mentales. La Pâquerette a pour mission de réapprendre à ces détenus la vie en société et préparer leur sortie de prison.

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