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Des marais mués en un lac apprécié

La découverte du gravier sur le site a servi à la construction de l'autoroute Lausanne-Genève.

14 mai 2014, 00:01
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bianconcini@lacote.ch

Le lac de Divonne? Non, ce n'est pas un lac naturel, mais le rêve devenu réalité d'un Divonnais, Jean Debaud. Sa réalisation a pu voir le jour en 1964 grâce à la construction de l'autoroute. Situé dans un terrain communal, dans une zone de marais, à quelques encablures du poste de douane de Divonne et Chavannes-de-Bogis, cette zone bénéficie du plus bel ensoleillement de Divonne et est à proximité de la rivière qui lui assure de l'eau en toutes saisons. Sa longueur atteint 1170 mètres, sa plus grande largeur 460 mètres et sa profondeur uniforme 3,5 mètres. On a déplacé quelque 2,5 millions de m 3 de gravier et de sable avec lesquels on a ébauché une dizaine de kilomètres de routes de 9 mètres de large. "Il faut se souvenir qu'il n'y avait aucune construction dans cette zone, ni aucun accès pour y aller. Je me rappelle que les enfants s'amusaient à y construire des cabanes" , raconte Marc Dubout, président de l'association Divonne hier et demain.

L'idée du lac titille en 1945 déjà le peintre et sculpteur Jean Debaud. Il l'imagine en tout premier lieu derrière le château, là ou jadis il y avait eu un étang. Alors il dessine des croquis, fait faire une maquette.

 

La ténacité de Jean Debaud, véritable père du lac

 

Des sondages sont réalisés. La propriétaire du terrain est d'accord pour louer le terrain et autoriser un creusement. Mais il faut payer les travaux, donc avoir des sous. Le projet ne se réalise pas. Quelques années passent... Tenace, Jean Debaud n'abandonne pas son idée. En 1956, il imagine un deuxième projet dans le centre de Divonne, sur le parking actuel du Casino. Cette fois encore, son idée reste lettre morte. En 1958, l'aéroport de Cointrin est en cours d'agrandissement. Jean Debaud regarde les engins qui creusent le sol et transportent les énormes quantités de terre et de gravier. Il est fasciné par la vitesse de ces monstres. Bouillonnant d'idées, en août 1958, il présente ce nouveau projet. Il reçoit des centaines de signatures, avis, conseils, mais aussi critiques et railleries. Les encouragements ne sont pas suffisants, il faut de l'argent. Les promoteurs contactés ne prennent pas le projet au sérieux. C'est ici qu'intervient Paul Morel, le découvreur à Arbère de la source qui alimente l'établissement thermal de Divonne. Le projet de son ami titille sa curiosité scientifique. Il s'investit dans l'étude du sol des marais et arrive à la conclusion que la création d'un lac artificiel dans les marais est réalisable. En août 1958, il adresse à la Municipalité un exposé. "Ce terrain presque inculte offre l'avantage d'être communal et inutilisé. Le premier avantage serait d'assainir une partie du marais", s ouligne-t-il. Et il montre comment, sous la couche de gravier, le fond de la cuvette est occupé par une moraine essentiellement argileuse qui a retenu un lac glaciaire après la dernière glaciation. La cuvette serait étanche et retiendrait l'eau.

 

Lac rempli en juin 1964

 

En janvier 1960, Jean Debaud adresse un courrier au Conseil municipal dans lequel il propose que le gravier extrait soit vendu à des entreprises de travaux publics, en particulier à la société chargée de la construction de l'autoroute Genève-Lausanne, ce qui permettrait de financer le creusement du lac. Et ladite société accepte le marché. Le chantier démarre en 1961. "Au quotidien, les habitants n'allaient pas regarder les travaux, beaucoup étant sceptiques ", se souvient Marc Dubout.

Le 10 juin 1964, le lac est sous eau. Les travaux et les aménagements des abords de l'ensemble de tout le secteur, dont le centre nautique et l'hippodrome seront terminés plus tard.

"Au début, le lac n'est pas un but de promenade pour les habitants. Sans oublier qu'il y a eu pas mal de noyades. Les bords du lac furent alors rectifiés et la plage refaite" , confie encore Marc Dubout qui ajoute qu'assez étonnamment le lac n'a jamais été inauguré de manière officielle.

Le syndic de Crassier Serge Melly se souvient très bien de cet été 1964. "On pouvait nager partout dans le lac. Comme beaucoup d'autres, je me rappelle avoir pu rejoindre l'île au milieu du lac. Cela n'avait pas été évident. Il fallait être bon nageur."

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