Une file longue comme le bras. Deux jours avant Noël, c’est ce que l’on trouvait en arrivant devant le centre de vaccination provisoire installé dans l’ancien bâtiment du WWF, à Gland.

Mais ne vous méprenez pas: la queue avance vite, très vite, même. Dans un premier sas entre deux portes, un astreint à la protection civile s’assure que les gens se désinfectent les mains et préparent les documents nécessaires. Le flux est quasi continu.

A l’intérieur, cinq membres du bataillon Ouest (district de Morges et Nyon réunis sous la conduite cantonale) de la Protection civile vaudoise remplissent un premier questionnaire: qui a besoin de quel vaccin, selon son âge et selon les vaccins déjà reçus. Chacun voit passer environ une personne toutes les deux minutes.

A l’entrée du centre de vaccination, Manuel Schmied, astreint à la protection civile dans le bataillon Ouest (district de Nyon et de Morges réunis) et ses quatre autres collègues prennent les premières données des arrivants. Les questions sont rituelles et répétitives. “Mais on fait quelque chose d’utile, de bien. Par contre, quand je rentre le soir et que j’ouvre mon frigo, je vois encore la carte AVS des gens”, rit-il. Photo Cédric Sandoz

Sur 1500 personnes venues le 22 décembre dernier dans le centre, 25 d’entre elles venaient faire une première dose et 5 d’entre elles une deuxième. Tout le reste était des rappels pour des personnes déjà immunisées.

«Il ne s’agit pas à proprement parler d’une troisième dose, qui n’est administrée que dans des cas très particuliers, notamment de personnes immuno-supprimées, mais d’une dose booster», note Jean Reymond, responsable de la vaccination mobile au sein de l’Etat-major de la Protection civile vaudoise.

Du chômage à la vaccination

Après l’accueil, on passe ensuite dans l’une des deux zones de vaccination, avec chacune une dizaine de boxes. Les «vaccinateurs» font entrer leur «patient» dans une petite salle aux vitres opaques, pour un peu plus d’intimité. Ils enchaînent: le répit est rare, et toujours bref.

Cyril Forestier est étudiant en architecture, résident de La Sarraz. Astreint à la protection civile, il a décidé de faire la formation du CHUV pour apprendre à vacciner. «C’est plus attrayant que la surveillance des barrières ou des parkings», confie cet habitant de La Sarraz. Aujourd’hui, il s’occupe d’administrer des doses Pfizer. Photo Cédric Sandoz

Cedric Owen a justement deux minutes. Pourquoi a-t-il voulu se former à vacciner des gens? «Pour pouvoir piquer!», se marre-t-il, avant de reprendre son sérieux. «J’aime rencontrer les gens, le contact social est enrichissant», ajoute cet astreint qui, dans la vie, est agent d’entretien de bateau.

A côté officie un «vaccinateur» heureux de se retrouver là. «J’étais au chômage, alors je me suis porté volontaire», explique Thierry Lagnel, qui a, comme ses collègues, été formé au CHUV.

«Je travaille dans les bureaux habituellement et j’y retournerai certainement, mais je ne regrette pas du tout cette expérience, affirme-t-il. On a fait quelque chose d’utile, avec de beaux contacts humains».

Là où les doses sont préparées

Une équipe médicale est présente pour superviser les travailleurs. Parmi eux, Hamdi Khalif, infirmière au sein de l’office du médecin cantonal. «Je suis là s’il y a une question, et sinon, je m’occupe de la répartition des équipes», explique la jeune femme.

Tout au fond, les coulisses: un grand bureau sert d’espace de préparation des vaccins. Quatre préparateurs chargent les seringues avec le bon volume de liquide. «Le Moderna est déjà prêt, tandis que celui de Pfizer doit être reconstitué avec du NaCl, soit du sérum physiologique», explique Lauriane. La Québécoise, formée dans le milieu de la pharmacie, est en année sabbatique en Suisse.

Océane prépare les doses dans les seringues. La jeune femme, qui travaillait au centre de traçage et qui a été formée pour ce poste, est étudiante en business de la musique. Est-ce que cette activité provisoire lui plaît? «En fait, oui! Mais je ne l’aurais jamais pensé». Photo Cédric Sandoz

Retour auprès de ceux qui viennent de recevoir leur piqûre. Dans une zone remplie d’ordinateurs, les certificats sanitaires sont délivrés.

Voilà la fin du parcours dans cet ancien bâtiment du WWF. Ici, les doses de rappel sont enregistrées et les certificats sanitaires délivrés. En moyenne, il faut 10 minutes pour traverser le centre et en ressortir, selon le terme devenu courant, «boosté». Photo Cédric Sandoz

A la sortie, les gens semblent ravis. «Oui, ça s’est très bien passé», confirme Catherine, venue de Nyon. «Je suis venu sans rendez-vous pour ma dose de rappel, en rentrant d’un chantier. En dix minutes, c’était fait», raconte Patrick. Environ 200 à 240 personnes par jour viennent, tout comme lui, sans rendez-vous.

Avec et sans rendez-vous

Pourquoi, d’ailleurs, mélanger les personnes avec ou sans rendez-vous? «Il s’agit d’une pratique en cours dans tous les centres de vaccination du canton. Nous répondons à la demande du public: certains se sentent rassurés d’avoir rendez-vous, d’autres préfèrent venir de manière plus spontanée, lorsqu’ils ont un moment de libre», explique Jean Raymond.

Le centre n’est pas tout à fait à sa pleine capacité: celui-ci est prévu pour accueillir jusqu’à 2000 personnes par jour, jusqu’à la fin du mois de janvier. C’est ce qui est pour le moment convenu avec la Ville de Gland, propriétaire des lieux.

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