Invaincu lors de ses neuf premiers combats, le puissant boxeur Arber Ibishi avait finalement trouvé deux adversaires de taille impossibles à dominer: la pandémie et son propre physique.

Tenu éloigné des rings par la crise sanitaire en 2020, puis touché à l’épaule gauche en 2021, le membre du Boxing Club de Nyon, qui travaille dans l'entreprise familiale, s’était ensuite fait très discret, au point de donner l’impression d’avoir tiré un trait sur sa carrière.

La surprise a donc été belle lorsque le vendredi 8 mars dernier, l’athlète de 31 ans a fait son grand retour lors d’un meeting organisé à Carouge. Un come-back triomphant, avec un 10e succès ajouté à son palmarès suite à sa victoire sur le jeune Géorgien Gela Tegashvili (19 ans).

Au cours d’une interview, le boxeur, qui combat au niveau professionnel, a confié qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup de vent, mais bien d’un retour pérenne à la compétition.

Arber Ibishi, il y a un mois, à Carouge, vous avez enfilé les gants pour la première fois depuis 4 ans. Qu’est ce qui vous a motivé à reprendre les combats?

A un moment donné, il fallait bien que je remonte sur le ring. C’est clair qu’après une telle absence, ce n’est pas facile. Mais lors de mes blessures, j’avais décidé de m’imposer un processus de guérison pour revenir. J’ai attendu d’être vraiment prêt, de me sentir suffisamment en forme.

Avez-vous été surpris par votre niveau après tout ce temps loin des rings?

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. C’était un peu à quitte ou double: soit j’étais déçu et je m’arrêtais là, soit j’étais dedans et je continuais. C’est un combat qui me permettait surtout de m’indiquer où je me situais.

J’aimerais reprendre un vrai rythme, avec quatre ou cinq combats par année.

Arber Ibishi, boxeur professionnel du Boxing Club de Nyon

Du coup, quel bilan en tirez-vous?

C’était cool! Dès que j’ai mis les pieds sur le ring, je me suis senti bien et j’ai vraiment pris du plaisir. J’ai compris que j’étais encore dans le truc et que je pouvais enchaîner les duels.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Beber Ibishi (@arber_ibishi100)

Cet enchaînement pandémie-blessure, comme l’avez-vous vécu? N’était-ce pas trop dur mentalement?

C’était difficile, oui. Je me suis déboîté l’épaule pile au moment où on pouvait reprendre la compétition, une fois le confinement terminé. J’ai alors fait de la rééducation, puis je me suis à nouveau blessé. Je me suis dit que j’allais arrêter ma carrière, c’était trop long. Mais petit à petit, j’ai vu que ça allait mieux, donc j’ai décidé de tenter le coup une dernière fois.

Est-ce que vous parvenez à faire abstraction de vos antécédents à l’épaule lors de vos combats et vos entraînements?

Aujourd’hui, oui, je réussis à ne plus y penser. Heureusement! Mais j’ai dû effectuer un travail mental pour ne plus me restreindre à cause de ça.

Nyon, mardi 26 mars 2024, club de boxe des Tattes-d'Oie, boxe, portrait d'Arber Ibishi, boxeur qui revient à la compétition après une année et demi en off, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Arber Ibishi s’entraîne au Boxing Club de Nyon trois à quatre fois par semaine. Cédric Sandoz.

Vous êtes toujours invaincu après dix combats. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez en tête au moment de monter sur le ring?

Non, je n’y pense pas trop. Il n’y a pas d’obsession. Avant de passer professionnel, j’ai fait au moins 40 combats amateurs et je suis déjà tombé, donc je ne m’en soucie pas.

À 31 ans, est-ce que vous voyez encore certains axes de progression que vous aimeriez développer?

Oui, je pense que ma technique est un point faible que j’essaye de travailler. Mais je réussis à compenser avec mes atouts: ma rapidité et ma puissance.

Quels sont vos objectifs, désormais? Avez-vous un combat de prévu?

J’aimerais reprendre un vrai rythme, avec quatre ou cinq combats par année. Normalement, j’en disputerai un en juin. Mais il faudra voir selon mon physique. Après le dernier, il m’a fallu deux semaines pour récupérer…

Quelle est la victoire dont vous êtes le plus fier?

Je dirais les championnats suisses, en 2017, lorsque j’étais amateur. C’était très intense, avec trois-quatre duels sur un week-end. J’avais échoué trois fois de rang et je ne souhaitais plus y participer. C’est mon entraîneur Daniele (ndlr: Bonito, le président du Boxing Club Nyon) qui m’a poussé à y aller. J’étais vraiment heureux de les remporter. Et c’était une belle ceinture, en plus.

Vous l’avez conservée?

Bien sûr! Elle est au-dessus de ma télévision.

En MMA, un Glandois porte les couleurs suisses à l’échelon mondial

A 27 ans, George Gadelkarim est le premier combattant à représenter la Suisse aux championnats européens et mondiaux amateurs de MMA.