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"Le syndicat Unia doit être mandaté par les employés pour agir"

Le délégué syndical Yves Defferrard a rencontré la direction de Merck Serono. Il dénonce aussi le manque de convention collective dans les entreprises multinationales.

25 avr. 2012, 00:01
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rhaener@lacote.ch

Yves Defferrard, délégué syndical d'Unia, était hier sur tous les fronts pour tenter d'établir un plan d'actions suite à l'annonce de l'entreprise Merck Serono de procéder à une réorganisation touchant tant le site de Genève que ceux de Corsier-sur-Vevey, Coinsins et Aubonne.

Vous avez rencontré hier la direction genevoise du groupe Merck Serono. Que s'est-il dit?

En fait, nous n'avons pu rencontrer que les ressources humaines. Ce qu'il s'est dit? Franchement, pas grand-chose. Ils nous ont répété ce que mentionnait le communiqué officiel, ni plus ni moins.

Allez-vous pouvoir rencontrer les employés?

Pour l'heure, l'entreprise nous refuse une telle entrevue. Ils ne veulent pas laisser entrer les syndicats. Sous prétexte qu'il n'y a pas de convention collective de travail. C'est d'ailleurs bien la raison pour laquelle cette entreprise n'a jamais voulu signer de convention...

Vous avez tout de même pu parler à quelques employés?

Oui, ils nous ont fait part de leurs inquiétudes. Mais la direction refuse pour l'heure d'entrer véritablement en matière, de nous donner quelques chiffres pour que nous puissions avancer ou émettre des propositions. Nous devons avoir des chiffres pour formuler des contre-propositions sérieuses et crédibles. Notre action ne se résume pas à un bras de fer.

Il y aura bien pourtant une période de consultation?

Oui, mais on dirait que la direction a décidé de tout faire en interne. Ils ont même l'idée incroyable de vouloir faire un site internet interne qui permettrait aux employés de poser des questions sur leur situation ou de répondre à celles de leur direction. C'est une première: durant toute ma carrière, je n'ai jamais vu une chose pareille.

L'un des problèmes que vous rencontrez, c'est l'absence de convention collective de travail...

Exactement. D'ailleurs, il y a trois semaines, nous sommes passés sur le site de cette entreprise, en prenant soin d'avertir la direction, pour distribuer de l'information aux employés. Et on sentait, vu la présence assez accrue de la sécurité devant le site, qu'il y avait quelque chose qui se tramait. Le fait qu'il n'y ait pas de convention signifie que rien n'est organisé à l'interne entre les salariés. Ils ne sont donc pas prêts à se défendre.

Qu'allez-vous faire?

Nous ne pouvons rien faire si les employés ne nous mandatent pas pour agir. Ils vont d'abord devoir s'unir s'ils veulent qu'on intervienne.

Vous pestez également contre le Conseil d'Etat vaudois, que vous jugez trop laxiste avec certaines entreprises...

Oui, de plus en plus d'entreprises qui s'implantent ne garantissent pas de convention collective. Le Département de l'économie devra aussi s'en expliquer: donner des avantages fiscaux pour faire venir des multinationales, c'est une chose, mais en contrepartie, on doit pouvoir exiger de celles-ci qu'elles signent des conventions. Il en va du partenariat social, de la paix du travail en Suisse. Or aujourd'hui, on ne l'exige plus. On est en train de tout foutre en l'air. Il y a bien sûr toujours eu des entreprises non conventionnées, mais aujourd'hui la proportion augmente dangereusement.

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