C’est une ambiance curieuse qui nous accueille à La Garenne. En cet après-midi d’automne, le calme règne entre les différents enclos, dénotant avec le joyeux brouhaha accompagnant le public quand le parc est plein. Là, seuls quelques employés vont et viennent. Deux loups sortent de derrière les buissons jeter un œil sur les seuls visiteurs rompant la quiétude générale dans laquelle nous déambulons avec notre guide du jour, Michel Halbwax.

Depuis début novembre, le vétérinaire et biologiste strasbourgeois de 44 ans, spécialiste de la faune sauvage et de la conservation, remplace au poste de directeur un autre Michel, Michel Gauthier-Clerc, parti cet été pour le Scienscope de l’Université de Genève. Il pose ainsi ses valises à Le Vaud, après 17 ans à parcourir le monde.

Des allers-retours entre Europe et Afrique, parfois en Asie, l’emmènent auprès d’espèces variées, allant des grands singes, comme les chimpanzés ou les orangs-outangs de Bornéo, au pangolin géant ou le potamochère, cousin africain de nos sangliers.

C’est au Gabon que j’ai sans doute vécu mes expériences les plus intenses.

Michel Halbwax

Michel Halbwax a ainsi été, entre autres, vétérinaire dans des sanctuaires de grands singes dans plusieurs pays d’Afrique. Il a travaillé sur l’élaboration de projets de conservation visant à la fois à protéger la biodiversité tout en incluant les communautés locales. Enfin, il a participé à divers projets de recherche sur l’écologie de certains agents pathogènes ainsi que de certains mammifères sauvages, notamment au Gabon, son pays de cœur. «C’est dans ce pays que j’ai sans doute vécu mes expériences les plus intenses», précise-t-il.

La conservation en fil rouge

Comment passe-t-on alors des primates du Gabon aux loups, gypaètes et autres sangliers du Jura? La question ne doit pas se poser dans ce sens, prévient d’emblée Michel Halbwax, qui ne veut pas être mis dans une case en fonction des espèces sur lesquelles il a déjà travaillé. «Il s’agit plutôt de voir comment on peut agir dans un domaine déterminé, en l’occurrence la conservation, avec une expertise et des compétences propres».

Le Vaud, jeudi 24 novembre 2022, Zoo de la Garenne, portrait de Michel Halbwax, nouveau directeur du Zoo, photos Cédric Sandoz

Michel Halbwax est arrivé début novembre au Parc animalier de La Garenne. Photo: Cédric Sandoz

Revenus au chaud dans la salle servant à la sensibilisation à la nature, le nouveau directeur précise ainsi sa vision pour l’avenir: inscrire La Garenne dans son environnement en renforçant les ponts avec l’extérieur. Pour ce faire, il compte bien mettre à contribution le centre de soins du parc, véritable atout qui l’a convaincu de s'engager dans une région qu’il ne connaissait pas auparavant.

«C’est rare d’avoir un tel matériel», s’enthousiasme-t-il. Salle de chirurgie, station d’anesthésie gazeuse, matériel de radio numérique, cages et volières d’hospitalisation… «C’est quelque chose qui doit être mis en avant et être encore plus utilisé, notamment pour soigner la faune sauvage blessée.»

Il ne s’agit évidemment pas de remettre en question ce qui a été fait avant ni de modifier les autres missions du parc, précise-t-il, mais bien de faire un léger rééquilibrage parmi les activités déjà existantes.

Michel Halbwax

Michel Halbwax souhaite définir rapidement une stratégie à long terme du centre de soins afin de le développer pour recevoir un plus grand nombre d’espèces, de l’intégrer à un large réseau scientifique et de l’inclure dans des projets de réintroduction de la faune sauvage indigène en déclin. «Il ne s’agit évidemment pas de remettre en question ce qui a été fait avant ni de modifier les autres missions du parc, précise-t-il, mais bien de faire un léger rééquilibrage parmi les activités déjà existantes.»

Le local comme atout

L’éducation et la sensibilisation resteront ainsi des missions essentielles du parc. «Le fait d'exposer uniquement de la faune locale et qu’il s’agit souvent d’animaux transitant par le centre de soins ne pouvant pas être relâchés, permet justement de sensibiliser le public aux enjeux de la préservation de la biodiversité. Cela rend la conservation très concrète et parlante pour les visiteurs.»

Au-delà de la gestion du parc, Michel Halbwax compte bien en faire un outil de conservation de la biodiversité locale et espère contribuer à améliorer la cohabitation entre l’humain et la faune sauvage. Une des espèces phare de La Garenne, le loup représente bien cet enjeu, au vu des problématiques que soulève son retour dans la région. «Partout dans le monde, on trouve des espèces qui dérangent une part de la population. Mais on ne peut pas régler la question simplement en les éliminant. Il s’agit au contraire de trouver des solutions pour que cette cohabitation puisse se faire. Il en va de la survie des écosystèmes et intrinsèquement de la nôtre», conclut-il.

Le Vaud: un globe-trotteur comme directeur de La Garenne

Michel Halbwax vient d’arriver au Parc animalier La Garenne pour en prendre la direction après plusieurs années en Afrique et en Asie. Portrait d’un éternel voyageur.