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A Paris, des familles roms survivent, entre poubelles et mendicité

Les familles de Roms installées sur Paris survivent dans une grande misère et campent éparpillées en différents endroits.

23 août 2012, 07:00
roms

Yéléna et ses quatre enfants se serrent sur une couverture, place de la Bastille: comme d'autres familles roms, ils se sont installés dans ce quartier parisien où ils survivent de la mendicité et de la fouille des poubelles, dans l'espoir de trouver du travail.

A 31 ans, Yéléna, qui ne donne pas son nom, campe depuis six mois sur ce bout de trottoir, fière de présenter son nourrisson, sous le regard de Christina, 12 ans, et Andréa, 5 ans, qui grignotent des biscuits qu'une passante vient de leur donner.
 
Une dizaine de familles - avec une vingtaine d'enfants - venues pour la plupart de Roumanie, campent ainsi sur le terre-plein central du boulevard Richard Lenoir à deux pas de la place, explique Jessica, jeune maman de 23 ans, qui se fait la porte-parole de ses compagnons d'infortune.
 
Ils ont investi les cabines téléphoniques qui leur servent d'abri. Des matelas usagés, des duvets, de gros sacs remplis d'objets divers s'entassent à même le sol. Des poussettes et des peluches témoignent de la présence d'enfants en bas d'âge.
 
"La nuit, on a froid, mais le jour, il fait très chaud", raconte Jessica, son fils de 18 mois dans les bras. Elle a bien appelé le numéro de téléphone gratuit de l'hébergement d'urgence, mais "ils n'ont pas de place ou ne répondent pas".
 
"Dans l'hébergement d'urgence, on accueille tout le monde sans distinction", souligne Eric Molinier, président du Samu Social - l'organisme de secours aux personnes à la rue. "Mais les Roms sont souvent en famille et cherchent des logements pérennes. Or on ne peut leur proposer que l'hôtel, et pour un temps limité".
 
"Je veux travailler"
 
D'autres familles ont pris leurs quartiers à l'autre bout du boulevard, Place de la République, autre lieu symbolique des droits de l'homme, explique Vasile Miticà, 30 ans et père de trois enfants.
 
Originaire de Buzau, à environ 100 km de Bucarest, il a cédé aux conseils de ses amis: "On nous a dit qu'il y avait du travail en France, j'ai pris le bus et je suis venu", explique-t-il.
 
"Je veux travailler, je suis maçon, mais je peux être ferrailleur ou peintre", témoigne Marcel Stoican, qui gagnait "entre 5 et 10 euros par jour" en Roumanie. "Là-bas, la vie est très difficile, on est rejetés", raconte ce jeune père de 24 ans.
 
"Ici, les gens sont gentils, ils nous donnent des choses", ajoute Yéléna, qui malgré la précarité, ne veut pas retourner dans son pays. "La vie de mes enfants c'est ici", dit-elle.
 
Pour ces migrants, l'éducation est une priorité. "Je voudrais simplement que mes enfants soient scolarisés", insiste Vasile Miticà. Après avoir profité d'une aide gouvernementale au retour en Roumanie de 300 euros par adulte et 100 euros par enfant, la famille est revenue en France.
 
"Ils piquent les pourboires"
 
Certains ont fait l'expérience des campements autour de Paris. Mais à cause des démantèlements à répétition, ils préfèrent désormais se disperser en petites unités familiales pour se fondre dans un relatif anonymat. "D'expulsion en expulsion, cela devient pour eux la seule solution", estime l'association Médecins du Monde.
 
"Il n'y a pas de problème avec la police, ici", souligne Elvis, 33 ans, qui avoue vivre de la mendicité. D'autres, comme Jean Valute, 35 ans, fouillent dans les poubelles: "On cherche des vêtements", explique-t-il en montrant le pantalon et la chemise qu'il porte.
 
Mais cette promiscuité avec les Roms n'est pas du goût des restaurateurs et cafetiers. "Ils sont partout, ils n'arrêtent pas de taxer les gens, de piquer les pourboires. Ce n'est plus la place de la Bastille c'est la Place des Roms", déplore Paulo Goncalves, patron du Falstaff.
 
Face à cette situation, les associations se sentent impuissantes. "Ils demandent des logements et du travail qu'on ne peut pas leur donner", dit Alfredo Da Silva, de l'association Charonne, qui aide les sans-abris. "On est désemparés".
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