Pour mieux cerner l’histoire d’amour entre les Kuttel et le vol à voile, il faut remonter des années en arrière, bien avant qu’un aérodrome ne soit construit à Montricher (voir encadré), à quelques kilomètres de la maison familiale.

«Mon grand-père en faisait en Suisse allemande. Il avait même construit son propre planeur», relève Barbara Kuttel, 52 ans, venue s’installer au pied du Jura avec son mari, lui aussi féru d’aviation, il y a une vingtaine d’années.

Deux de leurs trois enfants, Manon et Guillaume, ont également succombé aux émotions que procurent ces vols sans moteur. Au final, seule Julie n’a pas accroché, préférant se tourner vers le foot.

«On a grandi dans ce milieu. Avec nos parents, qui sont pilotes et instructeurs, on a ça dans le sang», sourit Manon, 21 ans et quatrième génération de vélivoles.

Dix ans après les Championnats suisses

Alors forcément, lorsqu’il a fallu mettre la main à la pâte pour les joutes romandes de vol à voile, la famille Kuttel était de la partie. «On essaie d’organiser un concours à Montricher tous les dix ans. En 2014, on avait accueilli les Championnats suisses sur sept jours», rappelle Barbara, cheffe de concours.

Cette année, la manifestation interrégionale va se dérouler sur quatre jours, du jeudi 9 au dimanche 12 mai. 17 bénévoles seront de la partie sur la piste, à la cantine ou pour traiter les résultats de la trentaine de participants.

Montricher, mardi 7 mai 2024, aérodrome de Montricher, Centre romand de vol à voile, portrait de Barbara "Babou" Kuttel, réalisé dans le cadre des championnats suisses de vol à voile qui auront lieu dès le 9 mai à Montricher, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Barbara "Babou" Kuttel se réjouit d'accueillir une trentaine de pilotes romands à Montricher. Photo: Cédric Sandoz

Manon sera au départ, Guillaume – licence en poche depuis l’an dernier – et son père également, en biplace. Seule la maman, qui a participé aux Mondiaux féminins de la discipline l’an dernier, a dû décliner pour s'engager dans l'organisation.

«Il y aura un bon mélange entre de très bons pilotes, comme Gaby Rossier, plusieurs fois champion de Suisse, et des jeunes qui débutent», révèle «Babou», membre de l’équipe nationale.

Jouer avec les éléments

Si la météo est clémente – le soleil devrait être au rendez-vous –, les pilotes réaliseront quatre manches. Le but, une fois lâché par l’avion remorqueur, sera de relier le plus rapidement possible plusieurs balises GPS, en jouant avec les éléments.

«À partir d’une certaine heure, on va nous indiquer une ligne de départ virtuelle. Tout le monde peut la passer dès le début ou attendre une meilleure fenêtre. C’est selon le jugement de chacun», détaille Manon Kuttel.

Quand on est seul là-haut, il y a un sentiment de liberté incroyable. On est des privilégiés.

Barbara Kuttel, cheffe de concours

Stratégie et analyse météo, en amont et pendant le vol, font donc obligatoirement partie des prérequis de tout bon pilote. «Il faut aussi de la patience et un bon ressenti pour jouer avec les courants», ajoute Barbara, qui a grandi à Longirod.

Et sa fille de décrypter: «On est très dépendant du soleil et des thermiques. Si le sol chauffe, une bulle d’air chaud va se détacher et créer un cumulus. L’idée est de l’exploiter pour remonter et passer de nuage en nuage.»

Créer des vocations

Cette fin de semaine, les participants devraient s’élancer pour plusieurs heures de vol et parcourir 150 à 400 km par jour. «Les départs auront lieu entre 12h et 14h, et les arrivées entre 16h et 18h», annonce Barbara Kuttel, qui invite la population à venir regarder ces maîtres de l’air.

Et même si les spectateurs présents ne pourront pas s’essayer au vol à voile en tant que passager durant l’événement, ce concours permettra peut-être de susciter des vocations.

«On est toujours moins nombreux. Il faut dire que ça prend du temps et c’est de plus en plus exigeant. Par contre, ça reste le plus beau sport du monde. Quand on est seul là-haut, avec une vue magnifique et juste le bruit de l’air, il y a un sentiment de liberté incroyable. On est des privilégiés», conclut l’organisatrice.

Montricher, capitale romande du vol à voile le temps d’un week-end

De jeudi à dimanche, l’aérodrome des hauts de Morges va réunir les meilleurs pilotes de Suisse romande. Tour d’horizon avec Barbara et Manon Kuttel, qui se démènent pour faire vivre la discipline.