Ils ont entre 13 et 19 ans et des rêves plein la tête. Sacha Clavadetscher, Joshua Dufek, Hugo Giraud, Kilian Josseron, Gaspard Le Gallais-Frey et Arnaud Voutat, à des degrés divers, vivent à fond leur passion pour le sport automobile.

Mais dans ce milieu très compétitif, où bon nombre de ces férus de vitesse sont freinés par des contraintes économiques, rien n’est simple. En ce début de saison, ces six pilotes du cru ont accepté de tomber le casque pour faire le point sur leur carrière. Tour d’horizon.

Sacha Clavadetscher: «J’ai besoin d’aller me bagarrer»

Nyon, mardi 19 mars 2024, série sport automobile, où en est Sacha Clavadetscher, jeune pilote en funya, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Photo: Cédric Sandoz

Le premier mot prononcé par Sacha Clavadetscher? Ni «papa», ni «maman», mais bel et bien «auto». «C’était un signe, rigole celui qui a été biberonné au sport automobile. Quand j’étais gamin, je jouais avec des petites voitures Ferrari. Mon père m’avait même pris pour faire un tour de circuit sur un siège enfant.»

Depuis ses premiers pas en karting à l’âge de huit ans, le citoyen de Féchy a fait de la route. L’an dernier, pour sa première expérience en voiture et en endurance, il a raflé le titre dans la catégorie proto CN de l’Ultimate Cup Series.

«En début de saison, on visait le podium, mais après la deuxième course, on était conscient de notre potentiel et on a fait preuve de constance, retrace Sacha Clavadetscher. Par contre, comme je roulais souvent seul devant, je n’ai pas appris autant que j’aurais voulu.»

Le gymnasien d’Etoy s’est donc lancé, cette année, à l’assaut d’un tout autre défi: passer de l’endurance au sprint, en s’engageant dans la Funyo. «C’est un très bon rapport qualité-prix», relève le pilote de 18 ans, qui lancera sa saison le 10 mai.

Le rêve des 24 heures du Mans

En faisant ce choix, le Fezzolan sort volontairement de sa zone de confort. «Ça sera très intense et compétitif, mais j’ai besoin d’aller me bagarrer avec les autres dans des courses de vingt minutes pour apprendre et me développer», explique celui qui peine, parfois, à se mettre dans le bon rythme dès le départ.

Pour l’instant, c’est un autre monde, mais si je continue sur cette voie, je peux y arriver.

Sacha Clavadetscher

Photo: Iconic Studio

S’il vise un top 10 pour sa première année en Funyo, Sacha Clavadetscher n’exclut pas de revenir à l’endurance par la suite. Son rêve est d’ailleurs de prendre le départ, un jour, de la prestigieuse course des 24 heures du Mans. Et pourquoi pas avec son idole Sébastien Buemi, qui lui avait signé son casque il y a quelques années.

«J’adore cette course depuis que je suis tout petit, avoue le bolide de Féchy, qui rêve de vivre de sa passion. Je pense que c’est possible, j’y crois. Pour l’instant, c’est un autre monde, mais si je continue sur cette voie, je peux y arriver.»

Joshua Dufek: «Je ne m’attendais pas à ce que cela soit si difficile»

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Photo: instagram Joshua Dufek

Joshua Dufek est entré dans la cour des grands cette saison. Épaulé par son équipe PHM AIX Racing, le sportif de 19 ans fait partie des 30 heureux pilotes qui participent au championnat de Formule 3 FIA 2024, une des antichambres qui mènent à la Formule 1.

Un statut qui ne surprend pas lorsqu’on connaît le potentiel affiché ces dernières années par le citoyen de Le Vaud qui, à l’âge de 9 ans, commençait déjà à se distinguer en remportant le Vega Trofeo et le Championnat suisse.A lire aussi: Le pilote vaulis Joshua Dufek poursuit son ascension

Le pilote d’origine anglo-autrichienne a effectué ses premiers tours au volant d’une Formule 4 en 2020. Deux saisons et 16 podiums plus tard, le voilà en Formule 3. Mais aujourd’hui, Joshua se heurte à la réalité du niveau dans lequel il évolue. «Je savais où j’allais, mais je ne m’attendais pas à ce que cela soit si difficile», admet-il.

La marche est-elle trop haute?

Sur les dix courses au calendrier 2024, il en a déjà disputé deux, pour des résultats en deçà de ses attentes. Sur le circuit de Sakhir, au Qatar, il a conclu la course principale 27e, avant de connaître un léger mieux à Melbourne (22e).

Je dois gagner en expérience, tout comme l’équipe. On découvre la compétition.

Joshua Dufek

«Ce n’est pas le meilleur début. Surtout sur la première course, qui était vraiment un désastre. J’ai eu beaucoup de difficultés, notamment avec mes pneus. La deuxième était déjà meilleure, mais ce n’est toujours pas ça.»

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Photo: Instagram Joshua Dufek

Ce sentiment d’impuissance a mis un coup au moral du Vauli, mais ce dernier ne compte pas s’arrêter là. «Je dois gagner en expérience, tout comme l’équipe. On découvre la compétition. J’espère monter en puissance, petit à petit. Mon objectif reste d’atteindre le top 3 au classement final, mais je suis conscient que c’est un peu ambitieux.»

Cette entame de championnat décevante est loin de décourager Joshua Dufek, qui a toujours la volonté de devenir, un jour, pilote professionnel. «C’est encore possible, et ça reste mon but. En revanche, ce sera un peu plus compliqué pour la Formule 1, qui est un rêve. Mais ce n’est pas inatteignable non plus, on verra bien…»

Hugo Giraud: «Le but est quand même de ramener la voiture entière»

Carouge, jeudi 14 mars 2024, sport automobile, karting, auto, etc.., "Auto, où en sont les jeunes coureurs de la Côte", portrait d'Hugo Giraud, jeune pilote automobile signé chez ABM et suivi par Porsche, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Photo: Cédric Sandoz

Loin de La Côte, Hugo Giraud fait son petit bonhomme de chemin dans l’univers de la course auto. Domicilié à Carouge, s’entraînant à Annecy et courant dans toute la France, le pilote originaire de Founex ne cesse d’impressionner par ses progrès et ses performances.

En ce début d’année, la carrière du coureur de 19 ans a pris un virage conséquent. Alors qu’il semblait proche d’abandonner la compétition faute de proposition, il a saisi une belle opportunité en signant son tout premier contrat chez l’équipe ABM (Automobiles Business Management).A lire aussi: Confinés, les pilotes de la région enchaînent les tours virtuellement

Ses années de haut vol en karting lui permettent aujourd’hui de participer à la saison 2024 du Porsche Sprint Challenge France, une série de prestige mise en place par la marque allemande, qui compte sept courses à son calendrier.

J’étais comme un fou, c’est vraiment un rêve de faire des courses à ce niveau.

Hugo Giraud

«Ça s’est fait très rapidement, souligne Hugo Giraud. J’ai parfois cru que tout allait s’arrêter, mais j’ai eu la chance d’avoir été pris chez ABM. J’étais comme un fou, c’est vraiment un rêve de faire des courses à ce niveau.»

Une pression évidente

Le 31 mars, sur le circuit de Nogaro, dans le Gers, le jeune homme a entamé de belle manière cette nouvelle aventure en décrochant la 6e place de la première manche, puis en montant sur la troisième marche du podium à l’issue de la seconde.

Cette soudaine exposition plonge Hugo Giraud dans le grand bain. «C’est très concret, d’un coup. Je suis un peu stressé, avoue-t-il. Le but est quand même de ramener la voiture entière.»

Porsche Sprint Challenge France
Circuit de Nogaro
28 Mars au 1er Avril

© Alexis GOURE © Alexis GOURE

Photo: Alexis Goure

«Il ne faut pas aborder la course en voulant à tout prix la gagner, poursuit-il. Dans tous les cas, je peux me dire que j’ai de la chance d’être là et que les résultats suivront. Je ne veux pas me mettre une énorme pression, ça ne servirait à rien.»

Pour la suite, le petit frère d’Enzo Giraud – ancien espoir de la Fédération française du sport automobile, victime d’un grave accident en 2018 – voit les choses en grand. «Forcément, le budget fera la différence. Je crains que ce soit l’élément qui m’empêche d’avancer, ce serait frustrant. Mais je continue de rêver des 24 heures du Mans et de consacrer ma vie à ce sport.»

Kilian Josseron: «Il va falloir faire un choix»

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Photo: Cédric Sandoz

Le 17 mars dernier, Kilian Josseron soulevait le prestigieux trophée Andrea Margutti, remporté dans le nord de l’Italie en catégorie OK-Junior. Une sacrée performance de la part du jeune Duilliéran, qui signait à cette occasion un retour réussi à la compétition après cinq mois d’absence.

En effet, depuis quelque temps, une autre discipline sportive titille l’esprit du pilote de 13 ans: le ballon rond. «J’ai remarqué que j’étais bon au foot et que j’aimais beaucoup ça. Alors je m’y suis mis à fond», explique le joueur du Team Vaud La Côte.A lire aussi: Karting: désormais pilote d’usine, Kilian Josseron veut poursuivre sa progression

La conséquence, également, d’une certaine fatigue provoquée par le monde automobile. «J’avais besoin d’une pause. Enchaîner les trajets, les heures de roulage, être sur vingt courses par année… Ça prend du temps. Je ne voyais pas beaucoup mes amis, je manquais l’école, c’était assez dur», confie l’intéressé

«Et il y a aussi les repas de soutien, le site internet, le sponsoring, trouver les sous, ajoute Didier, son papa. C’est beaucoup de sacrifices.»

Relancé par Goldkart

Avant cette coupure, Kilian Josseron s’était affirmé comme l’un des meilleurs pilotes de karting vaudois. Inspiré par son père et son grand-père, qui travaillent dans l’automobile, il a remporté le Vega Trofeo en catégorie mini à l’âge de 7 ans.

Maintenant, l’équipe me propose de rouler pour eux durant une saison complète. Mais je ne sais pas encore si j’en ai envie. Il va falloir que je fasse un choix.

Kilian Josseron

Il s’est ensuite illustré en obtenant la Wintercup Lonato, en finissant sur le podium du IAME World Finale en 2021, ou encore en terminant 5^e place au Championnat suisse OKJ 2022.

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Photo: Sportinphoto

Ses résultats ont tapé dans l’œil du team Goldkart, qui a motivé le jeune pilote à reprendre le volant. «Ils ne trouvaient pas normal que je ne roule pas, livre Kilian Josseron. En mars, ils m’ont donné la possibilité de participer à la course italienne et de me tester. Je ne m’attendais vraiment pas à réussir pareillement, c’était une vraie surprise de la gagner.»

«Maintenant, l’équipe me propose de rouler pour eux durant une saison complète. Mais je ne sais pas encore si j’en ai envie. Il va falloir que je fasse un choix», conclut l’adolescent.

Gaspard Le Gallais-Frey: «Je fais beaucoup de sacrifices»

Nyon, jeudi 28 mars 2024, série de portrait, où en sont les jeunes coureurs automobiles de la région, portrait de Gaspard Le Gallais-Frey, jeune coureur nyonnais, il court en formule 3, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Photo: Cédric Sandoz

Gaspard Le Gallais-Frey ne s’en cache pas: il rêve de devenir pilote pro, et si possible en Formule 1. «C’est le rêve ultime, et tous les matins je me lève en me disant que je vais y arriver», lance-t-il, sûr de lui.

C’est assez dur d’être loin de la famille et des amis, mais ça me renforce en tant que personne.

Gaspard Le Gallais-Frey

Ambitieux, l’adolescent de 16 ans a mis tous les atouts de son côté en arrêtant ses études et en déménageant en début d’année à Chantilly, au nord de Paris, pour se rapprocher de son coach.

«C’est assez dur d’être loin de la famille et des amis, mais ça me renforce en tant que personne. Je gagne en maturité et je suis en train de construire ma propre histoire, confie l’enfant de Nyon. Je fais beaucoup de sacrifices et je travaille fort. Au moins, si je n’y arrive pas, je n’aurai aucun regret.»

Et le Nyonnais de citer son grand-père, qui lui a transmis le virus du sport auto et qui a été le premier à l’amener quotidiennement sur le circuit de Vuiteboeuf: «Il m’a toujours dit de viser la lune pour retomber dans les étoiles. Si ce n’est pas la F1, il y a plein d’autres filières.»

Année d’apprentissage

Cette année, il s’élancera en Eurocup-3. «C’est un nouveau championnat, créé il y a deux ans, avec beaucoup de bons pilotes. C’est un peu un dérivé de la formule régionale alpine», détaille Gaspard Le Gallais-Frey, passé par l’Ultimate Cup Series après ses années de kart.

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Photo: ANRacing

Pour sa première année dans la catégorie, l’adolescent, qui lancera sa saison ce vendredi 18 avril à Aragon, ne se met pas trop de pression.

«Je prends cette année comme un apprentissage du haut niveau. Je vais faire de mon mieux, mais j’espère quand même être dans les premiers de mon équipe», confie le pilote de l’écurie espagnole Drivex.

Le sportif de La Côte espère que ces performances lui ouvriront les portes d’une meilleure équipe pour 2025, et, pourquoi pas, d’un baquet en F3. Un pas de plus vers son rêve de Formule 1.

Arnaud Voutat: «Quand je roule, c’est pour gagner»

Arzier, mardi 12 mars 2024, sport automobile, karting, auto, etc.., "Auto, où en sont les jeunes coureurs de la Côte", portrait d'Arnaud Voutat, jeune coureur de karting, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Photo: Cédric Sandoz

A seulement 13 ans, Arnaud Voutat s’est déjà construit un joli palmarès. Vainqueur du Vega Trofeo en supermini, en 2022, le jeune pilote de kart a confirmé, l’an dernier, en terminant vice-champion suisse d’OK-Junior.

Fin 2023, le petit bolide d’Arzier a même pris part à ses premiers championnats du monde, avec la crème du karting. «J’étais à côté de tous les gens que je vois normalement à la télé sur des grosses compétitions. Ça faisait un peu bizarre, mais c’était une bonne expérience», explique celui qui est aussi un grand fan de ski.

En 2024, à l’exception de quelques courses internationales, Arnaud Voutat va se concentrer sur le championnat suisse, qui a démarré le week-end dernier avec des résultats encourageants pour lui (2e en qualifications, puis 5e, 3e et 4e en course).

Quand je roule, je me donne à fond. J’adore la compétition et je fais toujours tout pour gagner, sinon je ne prends pas de plaisir.

Arnaud Voutat

«Je vise le titre. La gagnante de l’an dernier est encore là, mais j’ai un nouveau coéquipier. On ne va pas être amis sur la piste, mais on pourra s’aider un peu», glisse le pilote de l’écurie Spirit Karting AG.

Un sport trop aléatoire

Arnaud Voutat, qui a donné ses premiers coups de volant à l’âge de 4 ans, ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait. «Peut-être que j’irai dans un kart plus grand, peut-être une voiture», glisse-t-il.

Impression from autobau Schweizer Kart Meisterschaft - Round 5 at Kartbahn Wohlen in, SWITZERLAND on the 30.09.2023 © Daniel Bürgin

Photo: Daniel Bürgin

Une chose est certaine: il ne compte pas faire du sport automobile son métier. «Je préférerais quelque chose de plus posé. Le karting, c’est une passion, mais c’est trop aléatoire. Tout le monde rêve de Formule 1, mais je ne préfère pas tout sacrifier pour cet objectif, qui est quasi-impossible à réaliser», confie l’écolier, qui affiche une sacrée maturité.

Ce n’est pas pour autant qu’Arnaud Voutat va prendre ses prochaines courses à la légère. «Quand je roule, je me donne à fond. J’adore la compétition et je fais toujours tout pour gagner, sinon je ne prends pas de plaisir.»

La Gland Spring Run a le vent en poupe

Avec 1278 coureurs au départ, la course à pied glandoise a de nouveau fait un carton, dimanche, à Montoly.