Mine de rien, presque à son insu, François David est en train de devenir une tête bien identifiée du PAF (paysage audiovisuel français). Il faut dire que l’ébéniste nyonnais s’est fait une place dans l’une des émissions d’après-midi les plus suivies des chaînes françaises: «Affaire conclue».

Le programme diffusé sur France 2 depuis 2017 permet à des particuliers de faire estimer un bien, puis de participer à une vente aux enchères, à laquelle prennent part plusieurs acheteurs, dont l’habitante de Gilly Adeline Jaquet. C’est justement par son intermédiaire que François David s’est retrouvé embarqué dans la partie de l’émission appelée «La vie des objets», qui s’attarde sur la restauration de certaines acquisitions.

Sortir de sa zone de confort

«C’est un jeune menuisier de Crassier qui m’a recommandé. Je connaissais l’émission en spectateur et je me suis retrouvé acteur. Ça fait forcément un peu bizarre», explique l’intéressé alors qu’il nous reçoit dans son atelier situé dans la zone industrielle de l’Asse. Nyon, mercredi 24 avril 2024, reportage à l'ébenisterie François David, François et son employé en formation David Heiman répare des vieux meubles, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

L’atelier de François David est un lieu foisonnant où le bois est omniprésent. Photo: Cédric Sandoz.

Mais avec onze participations au compteur depuis début 2022, François David a eu le temps de s’habituer. Les visites régulières des équipes de tournages dépêchées depuis Paris par Warner Bros France, qui produit l’émission, sont même plutôt appréciées par le spécialiste en restauration de meubles anciens et d’objets d’art.

«Ça me sort de mon train-train et de ma zone de confort, confie-t-il. Mais c’est du boulot, il faut être hyper efficace sur un temps très court.»

Ma profession a un aspect très empirique.

François David, ébéniste à Nyon

En moyenne, pour une capsule de 7 minutes, comptez près de trois jours de tournage. Dans ce laps de temps, il faut partir de l’objet dans l’état tel qu’acheté pour arriver à la pièce entièrement rénovée. Un vrai défi, la plupart du temps.

«Avec l’expérience, j’ai appris à faire un plan de travail pour que tout rentre dans la durée d’un tournage. Et je dois dire que cela m’a enseigné pas mal de choses en matière d’optimisation du temps passé sur un objet, un aspect crucial pour un artisan.»

Puiser dans son expérience

Un réfrigérateur des années 1940, un siège à porteur du XVIIIe siècle ou encore un secrétaire style Louis XVI: retaper les trouvailles d’Adeline Jaquet mobilise le savoir-faire accumulé par François David durant ses 43 ans d’ébénisterie.

«J’aime ça, remuer la pulpe, dit-il en pointant son crâne du doigt. Ma profession a un aspect très empirique, on accumule des connaissances que l’on réutilisera parfois une dizaine d’années plus tard.»

Nyon, mercredi 24 avril 2024, reportage à l'ébenisterie François David, François et son employé en formation David Heiman répare des vieux meubles, David recolle un plaquage de table, en tapotant sur celui-ci, il arrive à déterminer à quel endroit insérer la colle, photos Cédric Sandoz © Cédric SANDOZ

Des serre-joints et de la colle: deux incontournables de la rénovation d’objets anciens. Photo: Cédric Sandoz.

Et l’artisan de comparer son expérience professionnelle à un grand meuble aux nombreux tiroirs dans lesquels il faut savoir aller puiser. Une métaphore d’une rare cohérence pour un ébéniste.

Coup de projecteur

Se placer correctement devant la caméra, tenir un discours clair et précis sans être jargonnant, veiller à sa diction: le Nyonnais a dû très rapidement assimiler les bases d’un métier qui n’est pas le sien. «La TV, ça m’amuse. Et puis, je suis ambidextre, c’est pratique pour un réalisateur», plaisante-t-il.

Dans une autre vie, l’homme avait déjà connu un passage devant la caméra. C’était en 1984, lors des Jeux olympiques de Los Angeles. «Je faisais de la natation, j’ai même fait un peu de commentaire à la RTS à l’occasion des jeux qui ont suivi.»

Ça me sort de mon train-train et de ma zone de confort. Mais c’est du boulot.

François David, ébéniste à Nyon

Et comment vit-il sa nouvelle notoriété? «Franchement? En dehors du fait que je me suis rendu compte que beaucoup de gens regardaient la TV l’après-midi, rien n’a changé. En revanche, la mise en lumière des métiers artisanaux est une très bonne chose. C’est un des aspects très positifs de l’émission.»

Il suffit effectivement d’être tombé sur une des prestations de François David pour s’en convaincre: l’expertise et le savoir-faire de l’ébéniste nyonnais impressionnent. «C’est une profession que les gens ne connaissent pas vraiment, en définitive. C’est un métier difficile, et qui n’a pas vraiment le vent en poupe. Mais je peux dire que je suis content de faire ce que je fais depuis plus de quatre décennies. C’est déjà pas mal, non?»

Un ébéniste nyonnais star de la TV française

L’émission à succès "Affaire conclue" donne un sacré coup de projecteur sur l’impressionnant savoir-faire de l’ébéniste nyonnais François David.